"Logement d’abord" : l’ANSA plaide pour la généralisation

Dans un récent rapport titre intitulé Le logement d’abord, et après, l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives (ANSA) dresse le bilan de la politique de « logement d’abord » impulsée depuis une dizaine d’années en France et défend sa généralisation pour lutter contre le sans-abrisme.
Non, « le parcours en escalier » de l’accueil d’urgence à l’hébergement d’insertion puis au logement accompagné n’est pas la seule voie possible d’accès au logement autonome pour les personnes sans abris. Fondé sur le préjugé qu’une personne précaire ne peut pas habiter un logement, ce long parcours du combattant fragilise la personne et aboutit souvent à un relogement inadapté. L’efficacité de ce parcours d’insertion, long et couteux, demeure limitée.

La démarche a donc été repensée et une stratégie de « logement d’abord » s’esquisse depuis 2006 en France. Elle conduit à adapter le logement et l’accompagnement à la personne, et non l’inverse. L’inconditionnalité de l’accès au logement, la sécurité d’occupation (la personne est titulaire d’un bail) et un accompagnement flexible (dans la durée et l’intensité) sont les trois piliers de ce dispositif.

Le bilan du modèle Housing First

Le modèle Housing First est né aux États Unis en 1992 et s’est ensuite développé dans le monde : le taux de maintien dans le logement évalué dans différentes expérimentations mondiales s’élève à plus de 80%. Dans son rapport, l’ANSA recense une dizaine de projets français et en propose l’évaluation.

Le plus connu, « Un chez soi d’abord » en direction des « grands exclus » souffrant de troubles psychiques sévères, a permis de restaurer leur qualité de vie, de diminuer leurs séjours à l’hôpital et de les maintenir durablement dans le logement. En revanche, le coût d’un logement privé reste trop onéreux et les personnes demeurent souvent dans un statut de sous locataire.

D’autres initiatives ont vu le jour, en direction des jeunes en errance et des sortants de prisons où le bail glissant constitue une finalité et permet l’accès à la location de manière autonome. Un projet pour les femmes victimes de violence est également en cours d’expérimentation pour leur permettre le maintien à domicile, l’éloignement et la prise en charge de l’homme auteur de violences.

L’avenir du « logement d’abord »

L’ANSA propose d’étendre ces expérimentations innovantes, efficaces à petite échelle mais ne représentant encore qu’un faible volume de personnes accompagnées. Mais il existe plusieurs obstacles : le manque de logements sociaux, la faible mobilisation des logements privés à des fins sociales, la logique de parcours qui prévaut, un dispositif d’accompagnement vers le logement inadapté et un pilotage complexe des politiques d’hébergement et de logement.

Des propositions sont faites pour dépasser ces contraintes dans l’accès au logement : prioriser davantage les personnes sans domicile dans l’attribution des logements sociaux, augmenter la captation de logements dans le parc privé, faire des métropoles les acteurs principaux du pilotage du logement d’abord, former les professionnels au modèle Housing First, expérimenter une plateforme nationale pour l’accès direct au logement.

Intégralité du rapport de l’ANAS : Le logement d’abord, et après. Bilan et propositions pour la généralisation du logement d’abord en France