N° 641 | Le 7 novembre 2002 | Philippe Gaberan | Critiques de livres (accès libre)

Les interventions socio-éducatives, actualité de la recherche

Sous la direction de Dominique Fablet


éd. L’harmattan 2002 (295 p., 25 €) | Commander ce livre

Thème : Autorité

À première vue l’ouvrage collectif dirigé par Dominique Fablet, enseignant chercheur en Sciences de l’éducation à l’Université Paris X, ressemble à un dixième traité sur l’autorité parentale.

En effet, de la formation des parents, présentée par Paul Durning comme étant aujourd’hui encore un « tabou », à l’expérience de l’accueil des tout petits dans les comunità Allogio de la ville de Turin commentée par Paola Molina de l’Université de Turin, en passant par la prise en compte de l’autorité parentale dans les décisions éducatives concernant des adolescents placés en foyer par Bernard Vallerie, éducateur spécialisé, c’est bien de la place des parents dans les dispositifs d’aide éducative dont il est question.

Et, de toutes les contributions, c’est assurément la conclusion de Claude Rouyer qui retient le plus l’attention : « Si le droit, tel que nous l’avons défini, reste profondément subjectif, la réalité institutionnelle qui en découle est, quant à elle, souvent objective. Ce type de travail doit pallier le risque latent que porte en elle toute institution : celui de devenir une institution totalitaire. »

Ainsi, chacun des différents auteurs apporte un regard pertinent sur un sujet pourtant amplement rebattu. Dès lors, c’est peut-être la méthode utilisée qui donne une teinte particulière à ce livre et qui en fait tout l’intérêt. En effet, tous les textes sont élaborés selon les règles de la recherche ; ils partent de l’expérience pratique des acteurs de terrain pour tenter de faire émerger une hypothèse qui est alors soumise en retour à l’épreuve des faits. Aussi la contribution de Michel Boutanquoi autour de la question des savoirs, des pratiques et du changement est-elle tout à fait centrale.

Partant de la façon dont les travailleurs sociaux se construisent une représentation de leur métier, il en déduit que « la mise en ?uvre d’une relation d’aide, c’est d’abord la mise en ?uvre d’un soi professionnel, d’un soi comme outil. » Son article éclaire le fait que le travail social est autant affaire de compétences techniques que d’engagement de soi. Or, et c’est la conclusion du livre, c’est bien ce double jeu qu’il faut impérativement accepter dès lors que s’instaurent des relations entre les sciences de l’éducation et le travail social susceptibles de conduire à l’élaboration d’une discipline scientifique en « travail social » (pp.281 et suiv.).


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