Les « failles » de la procédure d’asile
« Ce n’est pas une crise des réfugiés mais une crise de l’accueil que la France traverse actuellement » : dans un texte commun publié par La Croix, Laurent Gaudé, écrivain, Serge Portelli, magistrat, et Reza, photoreporter, réagissent au rapport du centre Primo Levi , Persécutés au pays, déboutés en France. En 46 pages, le document dresse un tableau des « failles de notre procédures d’asile » : non prise en compte des difficultés à raconter la torture, délais trop courts, interprètes peu formés, agents de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) suspicieux a priori…
Torturés, violés… puis déboutés
Créé en 1995 avec le soutien de Médecins du monde, d’Amnesty International France et de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, le centre Primo Levi est le principal centre de soins consacré aux réfugiés victimes de torture, de viol ou de détention arbitraire... Chaque année, l’association assure la prise en charge psycho-médicale et l’accompagnement juridique et social de près de 400 personnes. Malgré les persécutions subies, entre juin 2015 et juin 2016, 53% d’entre elles ont été déboutées du droit d’asile en premier recours. Généralement, leurs récits sont disqualifiés en quelques mots : « manque de vraisemblance », « défaut de caractère vivant », « évasif », « ne donne pas le sentiment de la réalité vécue »…
Mauvaise élève de l’Europe
Le rapport confirme que la « patrie des droits de l’homme » est l’un des pays européens où les chances d’obtenir l’asile sont les plus faibles. Pourtant loin d’être submergée - en 2015, elle a reçu 74 468 demandes d’asiles sur 24,5 millions de personnes migrantes dans le monde - la France « a rejeté 67% des demandes, contre 47% en moyenne dans le reste de l’Europe ». Elle arrive ainsi au 25e rang des pays en termes de taux d’octroi de l’asile politique.