N° 731 | Le 25 novembre 2004 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Les écoles de service social 1910-1940

Cyril Le Tallec


éd. L’Harmattan, 2004 (194 p. ; 17 €) | Commander ce livre

Thème : Formation

Initialement, la compétence de l’assistante sociale relevait bien plus de ses valeurs intellectuelles et morales que d’une quelconque qualification. C’est la générosité, le sens de l’autre et la vocation dont elle faisait preuve qui lui valait reconnaissance. Mais, très vite, il s’est avéré nécessaire d’améliorer ses connaissances notamment en termes de sciences humaines et d’appropriation des lois sociales qui s’étaient particulièrement complexifiées depuis la vague de grandes réformes initiée par la troisième République.

Si les autorités gouvernementales avaient refusé une première fois, en 1924, d’instaurer un diplôme d’État, la conjoncture de la grande crise de 1929 leur fit changer d’avis. Le décret en date du 12 janvier 1932, créa ce fameux diplôme. C’est une promotion de 152 jeunes filles qui se présenta donc à la session de juin 1934, 119 d’entre elles étant reçues. Les 18, 22 février et 13 juin 1938, de nouveaux décrets vinrent déterminer les modalités de formation, portant de deux à trois ans la durée des études. L’exigence dont ces textes firent preuve montre que la profession avait enfin réussi à dépasser l’image de la « dame d’œuvre » qui lui collait à la peau. Qu’on en juge plutôt. Un cursus donc de trois années tout d’abord : la première, commune avec les infirmières, était à dominante médicale, la seconde et troisième année, spécifiques, étaient respectivement médico-sociale et sociale.

A l’issue de ce cycle de trois ans, l’étudiante se présentait aux épreuves finales, elles-mêmes réparties en deux étapes. La première partie comportait une dimension écrite : un mémoire ainsi qu’une composition choisie à partir de trois sujets. La réussite à l’écrit ouvrait la possibilité d’accéder aux épreuves orales : une série de 17 questions portant sur les cinq chapitres du programme. Le succès à cet examen permettait de devenir assistante sociale stagiaire. Ce n’est qu’à l’issue de deux nouvelles années de pratique et d’un nouveau mémoire soutenu devant un jury, que le certificat d’aptitude était enfin délivré ! La formation devait obligatoirement être suivie dans des écoles habilitées par l’État.

Six écoles parisiennes et trois provinciales que Cyril Le Tallec présente dans le détail, tant dans les conditions d’admission que dans le déroulement des études qu’elles proposent. On y retrouve le fondement de ce qui fait encore aujourd’hui l’essence de la profession : « développer l’aptitude aux vues générales, le souci d’une appréciation impartiale, un vrai sens philosophique qui aidera à se dégager des impressions trop vives et des influences immédiates » (cité p.83). Ce type de monographie historique a l’avantage de relativiser certaines de nos problématiques actuelles que l’on croit à tort contemporaines, comme par exemple ces premières inspectrices de police grenobloises qui furent… d’anciennes élèves de l’école sociale d’action familiale intervenant auprès des familles et des mineurs.


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