N° 638 | Le 17 octobre 2002 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Le soutien thérapeutique aux parents

Sous la direction de Gérard Bléandanu


éd. Dunod, 2001, (208 p. ; 23,60 €) | Commander ce livre

Thème : Parentalité

De nombreuses situations permettent de venir en aide aux parents : c’est ce que démontre cet ouvrage qui réunit les contributions de neuf spécialistes. C’est d’abord du côté de la thérapie que commence ce tour d’horizon. La relation des psychothérapeutes aux parents est liée en général à deux types d’intention : faire en sorte que le travail engagé avec l’enfant ne soit pas entravé par sa famille, le meilleur moyen pour atteindre ce but étant d’instaurer avec elle une alliance thérapeutique ou bien entendre les parents parler de ce qui leur fait problème. La psychanalyse a évolué sur cette question : certains praticiens préfèrent encore restreindre le plus possible les contacts avec les parents de l’enfant avec qui ils sont engagés dans une cure. D’autres se sont carrément engagés dans la thérapie familiale.

C’est vrai qu’il est difficile de séparer ainsi le sujet qui grandit de celles et ceux qui le font grandir. C’est un véritable travail de deuil que doivent accomplir ces parents qui voient leur petit remplacé par un jeune adulte avec qui il va falloir négocier. En outre, celui qu’on pouvait câliner et traiter avec tendresse est devenu un être sexuellement mature qui peut réactiver les désirs incestueux. S’il n’est pas facile aujourd’hui d’être adolescent, il ne l’est pas plus d’être parent d’adolescent.

Les difficultés sont encore décuplées quand un dysfonctionnement intervient. Ce peut-être la migration familiale qui prive des étayages naturels de l’entourage d’origine et qui place parfois l’enfant en situation de médiation ou de démarche quand celui-ci doit servir d’interprète (ce qui le place alors en situation de parentalisation). Ce peut être encore un divorce parental, les services de médiation familiale pouvant être confrontés au refus de l’enfant de voir le parent chez qui il ne vit pas. C’est aussi l’échec scolaire qui plonge les parents dans une profonde atteinte narcissique que doivent prendre en compte les centres médicaux psychologiques qui sont alors souvent consultés.

Tout autre sont les situations où l’enfant est placé en famille d’accueil. Le relais pris constitue une blessure directe à l’image du bon parent. Mais une alliance est parfois possible qui permet de partager quelques moments de la vie quotidienne de l’enfant dans une logique de parentalité croisée. Les relations avec les parents d’enfants autistes sont encore difficiles, car la psychanalyse les a longtemps accusés d’être responsables de cette terrible affection. Mais un travail est néanmoins envisageable quand les thérapeutes font preuve de l’empathie et du profond respect nécessaires. 16 % des enfants de parents psychotiques risquent de souffrir de schizophrénie (contre 1 % dans la population générale).

D’où le nécessaire travail de prévention qui porte ses fruits quand on accompagne la famille, suffisamment longtemps. Le soutien thérapeutique aux parents est donc non seulement concevable, mais s’effectue tous les jours.


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