Le moniteur-éducateur piégé par les sigles


Dans l’énoncé d’un examen de diplôme d’État, il y a quelques jours, une confusion entre CHRS (Centre hospitalier régional spécialisé) et CHRS (Centre d’hébergement et de réinsertion sociale) met l’administration – et surtout les candidats – dans l’embarras.
Surréaliste. Le secteur de l’éducation spécialisée est célèbre – comme d’autres, il est vrai – pour ses sigles et son univers sémantique bien particulier. Les étudiants du diplôme d’État de moniteur-éducateur (DEME, niveau IV) viennent, à l’échelle nationale, d’en faire les frais.
L’épreuve DC4 du DEME s’intitule Implication dans les dynamiques institutionnelles. Sur une durée de 1 h 30, le candidat traite au choix l’un des deux sujets proposés, portant sur une étude relative aux politiques sociales et aux cadres juridiques et institutionnels.
Nous sommes le 20 mai dernier. Dans les centres d’examen, les potentiels futurs moniteurs-éducateurs planchent. Le sujet n° 1 est distribué, portant sur l’accompagnement d’une femme prise en charge à la suite d’un déménagement dû à des violences conjugales. Las, une confusion majeure saute aux yeux : dans l’intitulé, le sigle CHRS est traduit par Centre hospitalier régional spécialisé, alors qu’il s’agit, de toute évidence, d’un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale. Énorme. Mais est-ce vraiment évident pour les candidats, le plus souvent jeunes ? Le trouble ne peut que s’installer. Une étudiante alsacienne nous raconte : « Vingt minutes avant la fin de l’épreuve, nous avons été informés d’une erreur dans l’énoncé. On ne nous a pas donné d’autre choix que de terminer et de rendre la copie sans délai supplémentaire. Une semaine plus tard, nous n’avons aucun retour concernent cet incident. Mon responsable de formation n’a reçu aucune information, si ce n’est que le jury sera indulgent à nôtre égard ». Plutôt vague…
Plusieurs départements et régions sont concernés : Lyon, Besançon, Nancy, Champagne-Ardennes, Dijon, Grenoble. Il apparaît en général qu’il est demandé aux évaluateurs d’avoir un traitement « bientraitant ». Mais, s’étonnent certains, comment évaluer ce qui ne peut pas l’être ? « Nous n’avons pas, pour la plupart, eu le temps de développer notre positionnement », déplore une candidate qui rappelle l’annulation récente d’une épreuve au bac pour une erreur dans l’énoncé.
L’erreur viendrait de Dijon. Une étudiante de cette académie témoigne : « d’après ma directrice de promo, qui a contacté le Rectorat, il n’a pas été décidé de faire repasser l’épreuve sur table DC4. En revanche, le Président de l’académie de Dijon, responsable des sujets pour le territoire Grand Est a fait parvenir à chaque correcteur une note d’intention précisant les points suivants : « une erreur de sigle (CHRS) s’étant glissée dans le sujet N°1, il leur est demandé de tenir compte :
1/ de la déstabilisation, de l’incompréhension et de la perte de temps (car cela a dû produire plusieurs relectures de la part des candidats)
2/ de l’alerte sur le sujet qui est parvenu en cours d’épreuve et qui par conséquent n’a pas permis un traitement du sujet optimum
Chaque correcteur doit prendre ces remarques en considération et produire une « évaluation bientraitante » et indulgente qui tienne compte de l’erreur imputée à l’Académie de Dijon. Les évaluateurs recevront un corrigé avec des notes d’intentions précises. »
Sur une page Facebook, une autre, de Besançon, confirme : « Pareil , les correcteurs vont en prendre compte et on ne repasse pas l’examen. » De quoi rassurer ? À suivre.