N° 972 | Le 6 mai 2010 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Le microcrédit ou le pari de l’homme

Entretien avec Maria Nowak


éd. Rue de l’échiquier, 2009 (126 p. ; 9,90 €) | Commander ce livre

Thème : Économie sociale

Depuis que Maria Nowak a fondé l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), en 1988, c’est près de 75 000 emplois qui ont été créés. La fondatrice de l’Adie se fait le chantre du microcrédit en nous en décrivant non seulement la philosophie, mais ce qui constitue à ses yeux ses nombreux avantages. Le prêt d’un faible montant accordé à des personnes n’ayant pas accès aux crédits bancaires classiques, du fait de leurs bas revenus, de l’absence de patrimoine ou de garantie, est destiné à créer son propre emploi. L’exemple de Go-Micro qui, à partir de 4 000 € de crédit, a réussi à grossir jusqu’à compter 528 salariés est l’exception qui confirme la règle. Les bénéficiaires de l’Adie se contentent pour 50 % d’entre eux de devenir des entrepreneurs personnels, 30 % réussissent à dépasser l’échelle de la toute petite entreprise.

Le microcrédit, explique encore Maria Nowak, constitue un précieux outil de réinsertion à une période où l’État se désengage. Rien n’est plus coûteux qu’un chômeur (jusqu’à 30 000 € si l’on inclut les pertes de fiscalité et de charges). Un emploi aidé représente 6 500 €. Alors que le coût de l’insertion pour un créateur d’entreprise accompagné par l’Adie ne dépasse pas 2 500 €. Et les emplois ainsi créés sont parmi les plus pérennes puisqu’ils sont à l’initiative des personnes elles-mêmes : le taux d’insertion atteint 80 %. Sans compter l’effet sur l’estime de soi : le chômeur se redresse, revit, en s’apercevant qu’on lui fait confiance et qu’il a dorénavant un avenir et un espoir. Mieux vaut être travailleur pauvre qu’inactif, affirme-t-elle, expliquant qu’à l’échelle de l’histoire, le salariat n’est qu’un épisode très récent. Tout le monde est potentiellement entrepreneur : les hommes sont nés pour créer. Croire que seuls les plus riches ayant reçu une éducation peuvent le faire est une erreur. Les plus pauvres et les moins instruits recèlent des trésors d’intelligence, de courage et de créativité.

Enfin, pas tous quand même, car Maria Nowak reconnaît, quand même, que l’Adie ne valide que 25 % des projets qui lui sont présentés : « Nous ne prêtons qu’à ceux qui ont une capacité entreprenariale et dont les projets tiennent la route » (p.19). Voilà donc relativisée l’affirmation de l’universalité des capacités de chacun à créer sa petite entreprise. Mais ne boudons pas notre plaisir. Après tout, si le premier semestre 2009 a vu disparaître 286 000 emplois, l’Adie en a créé, sur la même période, 10 000 et ne demande qu’à en générer encore plus ! Pour atteindre ses objectifs, l’association peut compter sur ses 400 conseillers, mais aussi sur ses 1500 bénévoles dont certains, cadres de haut niveau, donnent de leur temps pendant leurs congés ou leur RTT. Cette solution doit pouvoir être encouragée, à condition toutefois de ne pas la placer en concurrence avec les autres démarches d’insertion, mais en complémentarité.


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