Le manifeste « Vieux et chez soi » fait réagir
« Si nous sommes nombreux, nous serons plus forts pour chercher ensemble et inventer une autre façon de concevoir un accompagnement solidaire et fraternel jusqu’au bout de la très grande vieillesse ». Relayé par Libération le 25 mai, le manifeste Vieux et chez soi réunit plus de 90 personnalités insatisfaites « de la façon dont notre société organise aujourd’hui l’accompagnement jusqu’au bout de la vieillesse ». Intellectuels, médecins, artistes, politiques, associatifs : les signataires déplorent notamment l’absence de consentement lors de l’entrée en établissement.
Transformer, pas supprimer
« C’est intéressant de dénoncer, mais il faut également énoncer, souligne Pascal Champvert de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). La solution n’est pas de supprimer mais de transformer les établissements pour aller vers les logements foyer ou les résidences services. Cela existe, mais les personnes atteintes de handicap ou de troubles cognitifs en sont actuellement exclues. L’hébergement hyper sécurisé découle des normes imposées par les pouvoirs publics et de la demande des familles. L’urgence est de faire évoluer la société sur l’accompagnement des personnes âgées ».
Coût de l’accompagnement à domicile
Le Syndicat national des établissements privés pour personnes âgées (Synerpa) rappelle que 400 000 professionnels du grand âge œuvrent quotidiennement auprès des 700 000 résidents des 7000 Ehpad. « Ce manifeste a été rédigé sans concertation avec les professionnels du secteur, déplore Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa. En Ehpad, 60% des personnes sont atteintes de démence sénile, pour la plupart liées à la maladie d’Alzheimer. Il est difficile dès lors d’obtenir un consentement éclairé, même si la procédure s’est améliorée avec la nomination obligatoire et écrite d’une personne de confiance. Quand ils arrivent chez nous, les aidants familiaux sont au bout du rouleau, alors parfois le consentement passe au second plan. Le maintien à domicile avec un Alzheimer sévère nécessite l’accompagnement par quatre personnes à temps plein. »
Une belle idée mais un vœu pieux
« L’idée est belle et j’y souscris, mais faire croire aux personnes âgées qu’elles trouveront tous les services qui leur sont nécessaires au fin fond de le Creuse ou de l’Ardèche, c’est un vœu pieux , remarque Claudy Jarry, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA). « Je veux, je décide » en restant chez moi, ce n’est pas si évident. Pour que le choix de vieillir à domicile ne représente pas une mort sociale, il faut non seulement un logement adapté, mais aussi un quartier qui permette des rencontres et une médecine de proximité. Et pour que ce choix ne soit pas réservé aux plus riches, il faut soutenir les aidants et les services d’aide à domicile ».