Le lien social mis à l’épreuve

Plus d’une personne sur dix souffre d’isolement social aujourd’hui en France, un phénomène en augmentation : c’est le constat préoccupant du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Dans un avis rendu le 28 Juin, Jean François Serres (rapporteur), appelle à « combattre l’isolement social pour plus de cohésion et de fraternité » à une époque où le lien social se fragilise mais où de nouvelles dynamiques de solidarités voient le jour.

Isolement social : de quoi parle-t-on ?

Est considéré comme isolement le fait de ne rencontrer que très rarement d’autres personnes et de ne pouvoir compter sur un réseau de relations fragile. Lorsqu’une rupture intervient dans le parcours de vie, l’isolement devient une réalité.
Qui sont ces personnes isolées ? On pense en premier lieu aux personnes âgées, qui sont en effet touchées par ce problème, mais la réalité est bien plus hétérogène et l’isolement touche une population plus large : personnes en situation de handicap, de précarité, ayant des troubles invalidants, familles monoparentales etc.
Le CESE établit une corrélation entre le renoncement aux soins, le non recours aux droits et l’isolement, qui devient alors un facteur d’exclusion.
Si les français sont à la recherche de cohésion sociale, de vivre ensemble et de solidarité, celle-ci semble pourtant s’effriter autour d’eux : « le tissu de collectifs de proximité est affaibli et c’est, finalement, aux personnes qu’il revient de trouver, seules, les ressources suffisantes pour se socialiser ».

Des solutions pour tisser des liens

Selon le CESE, la lutte contre l’isolement social et la restauration des liens sociaux doit devenir une priorité du gouvernement et inonder toutes les sphères de la vie, professionnelle, familiale et scolaire.
Pour mieux comprendre le processus, le CESE propose un essai de définition de l’isolement social : une « situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger. Les relations d’une qualité insuffisante sont celles qui produisent un déni de reconnaissance, un déficit de sécurité et une participation empêchée. Le risque de cette situation tient au fait que l’isolement prive de certaines ressources impératives pour se constituer en tant que personne et accéder aux soins élémentaires et à la vie sociale. »
Le conseil prône une politique transversale entre les politiques publiques, avec à sa tête un délégué interministériel. Il invite également les citoyens à se saisir de cette cause, notamment par le biais des services civiques ou d’« équipes citoyennes » afin de construire une action complémentaire à celle des professionnels. Ces derniers devraient être davantage formés à la prévention et à la lutte contre l’isolement social.