Le CESE plaide la cause des jeunes majeurs

« Rendre plus visible » la situation des jeunes majeurs et mieux « sécuriser leur parcours », telle est elle l’ambition du Conseil économique social et environnemental (CESE) dans son avis rendu public le 13 juin. Pris en étau entre une politique de protection de l’enfance mal gouvernée, des coupes budgétaires et un manque de connaissances de leurs besoins, ces jeunes « vivent une injonction à l’autonomie » précoce, brutale et globale : il leur faut d’un seul coup se préparer à l’emploi, trouver un logement, se construire un réseau social, le tout sans filet familial.
Le CESE prône donc la fin des « sorties sèches » de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), mais plutôt de l’assortir d’une garantie de ressources ou d’un droit spécifique prévoyant une prise en charge jusqu’à la fin des études ou du premier emploi. Il préconise aussi de reconnaître aux jeunes « un droit d’expérimenter », avec possibilité de retour vers l’ASE en cas de difficultés, et un accès inconditionnel au logement.

Gâchis social

Accompagnement renforcé pour favoriser l’autonomie, ouverture vers des personnes-ressources et constitution d’un réseau, meilleure information sur les bonnes pratiques départementales : toutes les préconisations du CESE vont dans le sens d’une amélioration indispensable de leur situation. La loi rénovant la protection de l’enfance du 14 mars 2016 était restée bien timide à leur égard, notamment parce que les sénateurs, dont beaucoup sont des conseillers départementaux, étaient inquiets pour les finances. Et on ne compte plus les départements mettant fin aux contrats jeunes majeurs…
Au-delà de la « souffrance individuelle » des jeunes concernés, ces choix politiques engendrent pourtant un « gâchis économique et social » rappelle le CESE. Car l’interruption de l’accompagnement empêche souvent « une insertion professionnelle et sociale créatrice de richesses et occasionnant des économies de long terme pour les dépenses sociales ». Enfin, le Conseil estime que « cesser l’aide à 18 ans prive largement de leur sens les efforts quotidiens des jeunes et des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux pendant la minorité ».