N° 1228 | Le 1er mai 2018 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

La vérité sur l’affaire Jacqueline Sauvage

Hélène Mathieu et Daniel Grandclément


éd. Stock, 2017, (280 p. – 19,50 €) | Commander ce livre

Thème : Violences conjugales

Jacqueline Sauvage est devenue l’icône des femmes victimes de violences. Le 3 décembre 2015, sa condamnation à une peine de dix ans de réclusion criminelle était pourtant confirmée en appel pour le meurtre de son mari. La mobilisation de l’opinion publique a convaincu le président Hollande de lui accorder une grâce partielle début 2016, puis totale à la fin de la même année. Les deux auteurs décrivent dans les détails une affaire dont nombre d’éléments restés ignorés du grand public expliquent la décision des deux jurys d’assises.

Aucun élément ne vient justifier la brutalité de Clément Marot, mari violent dont le sort ultime n’émeut guère. Mais cette affaire illustre bien la complexité des mécanismes de violences conjugales. Il est toujours difficile de comprendre pourquoi une victime subit passivement son sort. Ça l’est encore plus ici. L’emprise dont Jacqueline Sauvage est supposée avoir été prisonnière justifie-t-elle qu’elle n’aie pas protégé ses enfants violés eux aussi par son mari, qu’elle soit venue le chercher le fusil en main au domicile de la femme chez qui il s’était installé, après l’avoir quittée et qu’elle lui tire trois balles dans le dos alors qu’il était assis dans sa véranda ? Mais alors, la juste cause de la lutte contre les violences faites aux femmes aurait-elle été salie par un emballement médiatique doctrinaire ?


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