La pauvreté prend racine
La baisse des allocations logement et le gel des contrats aidés ne présagent rien de bon pour le climat social : l’Observatoire des inégalités craint un retour en force des tensions autour du partage des richesses dans son analyse de rentrée sur les inégalités de revenus. Le 11ème baromètre Ipsos-Secours populaire français, de son côté, interpelle les pouvoirs publics sur le maintien de la pauvreté qui touche 9 millions de français, et sur la précarisation grandissante de la population.
37% des français a connu une situation de pauvreté
Plus d’un tiers des français connaît ou a connu une situation de pauvreté et 20% craint d’y être confronté. Les ouvriers et employés, les jeunes, les personnes en fin de droits, les retraités et les personnes touchant globalement un revenu inférieur à 1 200 € sont les plus exposés à cette pauvreté.
Une réalité, un chiffre : 19% de personnes interrogées ne parvient pas à équilibrer son budget à la fin du mois et vit à découvert. « Les pauvres manquent de tout » selon le Secours populaire et renoncent à des dépenses essentielles : accès aux soins, à la culture, aux loisirs et aux vacances rendu difficile voire impossible.
Au-delà d’une réalité sociale, 57% des français s’inquiètent de ne pas pouvoir faire face à un imprévu s’il se présentait. Pour un français sur deux la pauvreté agit comme une menace qui pèse sur leur vie quotidienne.
Les français n’ont d’ailleurs que peu d’espoir d’amélioration pour l’avenir : 84% d’entre eux estime que la génération à venir a davantage de risque de connaitre une situation de pauvreté qu’eux-mêmes.
Les personnes âgées sont les plus touchées
Au Secours Populaire, les demandes d’aide ont parfois augmenté de 50% en un an comme dans les départements de l’Hérault ou de la Haute Garonne et concernent en grande majorité des femmes de plus de 60 ans. Si l’association rappelle que la France a un système de retraite performant, elle souligne néanmoins que les conditions de vie des séniors se détériorent. Un grand nombre d’entre eux se voient dans l’obligation de demander un soutien matériel ou de continuer à travailler pour survivre. Pour 40% d’entre eux, les restrictions alimentaires sont quotidiennes et la plupart peinent à honorer les charges liées au logement et à payer les frais de santé peu ou non remboursés.
Les inégalités de revenus progressent
De 2003 à 2015, le niveau de vie mensuel des plus riches a progressé de 356€, quand celui des plus pauvres n’a gagné que 6 €. L’Observatoire précise que si le niveau de vie des plus pauvres stagne et ne diminue pas, c’est grâce au modèle social français. Celui des plus riches, lui, ne cesse de croitre.