La République et ses morts en prison

« En une semaine, nous avons appris la mort de 5 détenus : - un homme est mort à Cherbourg le 27/2 - un homme s’est suicidé à Fresnes le 10/3 - un homme s’est suicidé à Fleury le 16/3 - un homme s’est suicidé à Rouen le 21/3 - un homme s’est suicidé à Nice le 23/3 », tweete l’Observatoire international des prisons le 26 mars. Au total, selon l’OIP, 84 personnes se sont suicidées en prison en 2017. Des données qui ne sont pas exhaustives car aucun chiffre officiel n’atteste de cette réalité de l’ombre. Et pourtant, selon la dernière étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) sur cette thématique publiée en 2014, le suicide est sept fois plus important en prison qu’en milieu libre et la France se classe en Europe parmi les pays aux plus forts taux de suicide de détenus.

Hommage symbolique

Deux jours après le tweet de l’OIP, place de la République à Paris, le collectif des Morts de la Prison organisait un hommage « afin d’honorer la mémoire des femmes et hommes qui décèdent en prison, dans le plus grand des silences ». Un hommage symbolique que le collectif organise pour la dixième année. Un tout petit groupe de personnes était ce jour là rassemblé pour écouter le nom des personnes mortes derrière les barreaux en 2017 avec la date, l’âge et la cause de leur décès. Une majorité d’hommes, parfois très jeunes, la plupart se sont suicidés par pendaison.

Défier l’oubli

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour créer une sorte de monument aux morts aérien », témoigne un membre du collectif venu raconter sa rencontre avec une personne décédée à la prison de Fresnes. « Nous déplorons que la mort des personnes incarcérées n’ait jamais été au cœur des débats sociétaux et qu’à la dépersonnalisation réponde l’oubli », constate le collectif. Vu le petit nombre de participants, ce constat risque de perdurer.