L’avenir incertain de l’emploi accompagné

Après son entrée en vigueur le 29 décembre 2016, le dispositif d’emploi accompagné continue de soulever questions et inquiétudes dans le secteur médico-social. Appelé aussi « job coaching », et introduit par la loi Travail, il vise à permettre aux travailleurs handicapés mentaux et/ou psychiques d’accéder à l’emploi et de s’y maintenir grâce à un accompagnement médico-social.

Il a été initié en France par l’association lyonnaise Messidor, bien connue pour son accompagnement dans l’emploi des personnes handicapées psychiques. Sur 200 personnes accompagnées en 2016, elle fait état de 175 contrats de travail signés, dont 23 en CDI et 152 en CDD. Mais il ne suffit pas de décréter une mesure pour qu’elle se développe à large échelle, surtout quand son financement n’est pas totalement prévu.

Un financement peu clair

Certes, l’État abondera à plus de 50%, mais l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) et du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (Fiphfp) devront aussi mettre la main au pot.

Mais comment ? Quel sera le niveau de l’enveloppe ? « Le financement n’est pas clair », regrette l’Association nationale des directeurs et cadres d’Esat (Andicat), qui pointe aussi un « système assez lourd », nécessitant plusieurs agréments et le passage obligatoire par les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Menace sur les ESAT

C’est un frein important, soulève aussi Thierry Brun, directeur de Messidor sur Handicap.fr. « Notre expérience révèle que 30% des personnes bénéficiant de notre dispositif de job coaching n’ont pas la RQTH (reconnaissance de qualité de travailleur handicapé). En les excluant des critères requis, la loi menace de supprimer les sources de financement de leur accompagnement ».

Andicat alerte également sur les menaces que l’emploi accompagné fait peser sur les ESAT, car l’emploi en milieu ordinaire n’est pas la solution pour tous. « Ce dispositif ne peut pas être un substitut du travail protégé », déclare son président Gérard Zribi, qui relève l’absence de création de places d’Esat depuis trois ans.