L’après Nuit de la solidarité

Après le décompte de 2 952 personnes sans-abri à Paris durant la nuit du 15 au 16 février 2018, la mairie s’engage à mettre en place des solutions durables. Elle annonce la création de 3 000 places d’hébergement supplémentaires. Comment ? Par la mobilisation du patrimoine de la ville, en soutenant l’hébergement citoyen et en créant des « petits abris », sur les lieux de vie des personnes. Ces réponses risquent cependant d’être insuffisantes, avec les 672 personnes hébergées du plan grand froid et les 1 477 personnes mises à l’abri pendant le plan hiver. Le 31 mars, fin de la trêve hivernale, la capitale risque de compter au moins 5 101 sans abris.

Une personne sur deux en errance prolongée

Une fraction des personnes rencontrées pendant cette maraude citoyenne a répondu à un questionnaire : la moitié d’entre elles dort à la rue et vit cette situation depuis au moins un an, 12 % sont des femmes, une personne sur cinq dort sous une tente, une personne sur dix ne sait pas où passer la nuit. Leurs ressources proviennent de la mendicité, des prestations sociales et de petits boulots ; 65 % des personnes interrogées n’ont jamais contacté le Samu social et seulement 27 % étaient suivies par un travailleur social.

Bagageries et restaurants solidaires

Face à cette réalité, la Mairie de Paris souhaite installer une bagagerie par arrondissement, ouvrir deux nouveaux accueils de jours et développer les restaurants solidaires. Les douches étant la deuxième préoccupation des sans-abris, l’accès aux bains municipaux devrait s’améliorer, notamment pour les femmes avec un lieu dédié.

Les citoyens en renfort

Le dispositif le plus original reste sans doute la mobilisation citoyenne pour accompagner les personnes sans-abri. La bulle du centre humanitaire de la Chapelle ferme ses portes fin mars. Anne Hidalgo a annoncé qu’elle serait transformée en « bulle solidaire » qui devrait accueillir « tout ceux qui veulent agir pour aider les personnes sans abri ». Ils y seront informés, formés, pourront y développer des projets de solidarité. Alors que cette bulle avait été vivement critiquée pour le mauvais accueil qu’elle réservait aux exilés, alors que les personnes qui viennent en aide aux réfugiés sont poursuivies pour « délit de solidarité », ce recyclage pour « construire une alliance citoyenne » est un drôle de symbole.