N° 1085 | Le 6 décembre 2012 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

L’année de l’action sociale 2012

Sous la direction de Jean-Yves Guéguen


éd. Dunod, 2012 (224 p. ; 30 €) | Commander ce livre

Thème : Politique sociale

L’édition 2012 revient cette année sur la situation globale de l’action sociale, les menaces qui pèsent sur elle, ainsi que sur les changements passés et futurs qui en modifient les contours. Le diagnostic est plutôt pessimiste, les principes d’égalité et de fraternité étant de plus en plus rongés par de puissants acides. Les limites sont d’abord financières, la dette sociale atteignant 210 milliards d’euros. Mais elles sont aussi techniques, les difficultés s’accumulant pour faire face aux besoins nouveaux ; démocratiques, la menace d’une protection sociale à plusieurs vitesses se précisant de plus en plus ; conceptuelles, la doxa néolibérale gagnant du terrain sur le principe de solidarité.

L’illustration la plus inquiétante de cette dérive est, peut-être, le sort réservé aux services à domicile financés conjointement par les CAF, la PMI, l’ASE, ainsi que par les mutuelles, les assurances et les caisses de retraite complémentaire. Face aux dotations moindres de la part de financeurs et l’augmentation du reste à payer pour des usagers faisant donc moins appel à ces services, le secteur est en train d’être asphyxié. Ses appels à l’État pour la mise en place d’un plan d’urgence ont bien été entendus, mais pas écoutés. Insensiblement, la marchandisation gagne du terrain là aussi : la part du secteur lucratif par rapport aux associations étant passée, en dix ans, de 8 % à 31 %.

Autre illustration présentée dans l’ouvrage, la compensation de la dépendance, dont la prestation principale (l’APA) était financée à 50 % par l’État, en 2002 et qui ne l’est plus qu’à hauteur de 28 % en 2011. L’action sociale qui en découle fait aujourd’hui l’équilibre entre logique d’aide sociale et logique de sécurité sociale. La revendication se fait d’autant plus pressante en faveur de la création d’un risque autonomie géré par une cinquième branche de protection sociale fondée sur la solidarité nationale. Si, de son côté, le bilan de l’application de la réforme 2007 de la protection de l’enfance laisse apparaître une appropriation globale par les associations de l’esprit de la nouvelle loi… Cela n’a pas été le cas du gouvernement Fillon qui a attendu trois ans avant de publier les décrets d’application concernant la création, par la CNAF, d’un fonds de financement de la protection de l’enfance. Et encore, doté initialement de 150 millions d’euros, il sera finalement généreusement alimenté de 10millions d’euros de crédits.

Les besoins augmentent donc, mais se heurtent à une restriction de moyens qui peut s’avérer contre-productif, la réparation des dégâts pouvant s’avérer infiniment plus coûteuse, au final, que leur prévention.


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