Psychiatrie : grève à l’hôpital du Rouvray, suite et fin.

Un accord a finalement été conclu entre la direction de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen et les salariés en grève de la faim depuis dix huit jours. D’après les informations de nos confrères de France Bleue, le protocole d’accord permettrait la création de 30 postes au sein de l’établissement hospitalier.

Hier les salariés en grève avaient bloqué la circulation à Sotteville-lès-Rouen, soutenus par les cheminots. « Nous étions décidés à occuper l’Agence régionale de la santé, expliquait alors Bruno Fresnard, délégué CGT et gréviste de la faim. Mais contre toute attente, la préfète nous a proposé une rencontre. Par la suite, l’agence régionale de la santé a reçu une délégation de l’intersyndicale, et la direction des ressources humaines a accepté d’entamer des négociations en début d’après-midi. »

La création de 52 postes était revendiquée

Cet après-midi, après six heures de discussions, la rencontre s’était achevée sur la décision de trouver une solution de sortie de crise avant la fin de la journée. « Nous ne céderons pas sur notre revendication première, la création de 52 postes d’aide soignants et d’infirmiers, précisait le syndicaliste, ambulancier depuis 29 ans dans l’établissement. Actuellement, nous recevons des patients en grande souffrance dans des conditions indignes. »

Avec une capacité de 545 lits, le sureffectif s’élève régulièrement à 30 à 40 places. L’usage de lits de camp installés dans des bureaux, les salles de télévision ou dans des chambres d’isolement est donc devenu une pratique courante. « J’ai la sensation de faire du mauvais travail tous les jours », expliquait également un aide-soignant gréviste de la faim.

Une détermination sans faille

Ce ressenti était d’ailleurs bien résumé par leur slogan : « Des moyens pour soigner, pas pour enfermer. » De nombreux membres du personnel approuvant cette lutte rejoignaient ponctuellement le mouvement d’occupation des locaux administratifs.

Face à cette colère, le Ministère de la santé avait proposé, mercredi dernier, un audit flash. Une proposition vécue comme une provocation par les grévistes. Pour eux la situation est connue depuis longtemps : l’hôpital est le troisième établissement français au niveau de l’accueil... Mais reste au vingtième rang dans les montants des budgets.

Hospitalisations

« Moi je ne suis pas là pour faire du chiffre mais pour soigner des gens, avait témoigné Jean-Yves Herment, infirmier gréviste de la faim et délégué syndical CFDT. Quand théoriquement nous devrions être quatre, nous sommes trois, ou deux. Aujourd’hui, nous mettons notre vie en danger, pas pour obtenir de l’argent, juste pour pouvoir soigner correctement. 52 postes ça représente un budget de 2,5 millions d’euros par an sur un budget d’établissement de 100 millions. »

Débuté il y a près de trois mois, ce mouvement avait pris voilà dix-huit jours la forme d’une grève de la faim. Et après les cheminots, les dockers étaient décidés à apporter leur renfort.

Plusieurs grévistes ont été hospitalisés après la signature de cet accord, rejoignant ainsi leurs camarades déjà placés sous surveillance médicale.