Hébergement • L’urgence en colère

Le tout jeune collectif Sans toit ni loi, fort d’une centaine d’adhérents professionnels de l’urgence sociale, lance « un cri d’alarme » dans l’Hérault. Face à ce qu’il considère comme des « dysfonctionnements graves » du dispositif d’accueil et d’hébergement des personnes en situation de précarité, le réseau dénonce « un manque criant de solutions adaptées aux besoins », dans une lettre envoyée le 24 mars à la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse.
« Nous n’acceptons plus de devoir choisir de mettre à l’abri l’octogénaire diabétique OU l’unijambiste qui sort de l’hôpital, la femme victime de violence OU la mère sortant de maternité avec son nouveau-né », écrivent-ils. Le collectif juge « la gestion de la pénurie totalement illégale et scandaleuse » et exige « l’application immédiate des lois de la République » qui imposent l’inconditionnalité et la continuité de l’accueil et de l’hébergement.
Quelques jours plus tard à Lyon, à la veille de la trêve hivernale, Emmanuelle Cosse a annoncé pérenniser 2 300 places d’urgence supplémentaires et débloquer 15 millions d’euros de crédit pour l’accompagnement social des personnes hébergées. Une annonce insuffisante, selon le collectif des professionnels de l’urgence sociale lyonnais.
À Lyon, 373 places sont ainsi maintenues « alors que nous avons un millier de personnes qui bénéficient des places hivernales, c’est largement en deçà des besoins », réagit un membre du collectif.
Le 24 mars, une centaine de ces travailleurs sociaux étaient en grève et trois cents, selon le collectif, manifestaient Place de la République. Ils dénoncent « le manque criant » de places qui les oblige à « un tri arbitraire des ménages lorsqu’une place se libère. Existe-t-il un être humain moins vulnérable qu’un autre pour tenir dans la rue ? ». Ils refusent d’être des « témoins silencieux » et de faire fonctionner « une machine à broyer ». Leur lettre est arrivée chez le préfet, une pétition circule.