Hébergement : le fléau des logements surpeuplés
Le mal logement demeure une réalité pour 15 millions de personnes en France : dans son 23ème rapport sur l’état du mal-logement en France, la Fondation Abbé Pierre met en cause la hausse des prix qui creuse les inégalités et laisse les classes populaires mal logées.
Le surpeuplement, qui avait décliné ces dernières décennies, refait surface de manière inquiétante, comme un symptôme à part entière de la crise du logement : 8,6 millions de personnes sont touchées, dont 934 000 de manière accentuée. Les ménages les plus modestes et les jeunes sont les premiers concernés et vivent en grande partie dans un logement privé.
Le risque de surpeuplement intervient essentiellement au sein de foyers vivant dans une pauvreté persistante, où l’évolution des structures familiales a modifié l’occupation du logement et les familles immigrées sont sur-représentées.
Un quotidien invivable
Les conséquences du surpeuplement sur les enfants et les adultes qui le subissent sont nombreuses :
- Le développement psycho-affectif et psychomoteur chez les enfants est impacté
- Les difficultés autour de l’alimentation, du sommeil et de l’intimité sont quotidiennes
- La vie sociale est rendue impossible
- Les tensions familiales s’accentuent jusqu’à dériver parfois vers de la violence.
- La promiscuité favorise la transmission de maladies et le fort taux d’humidité provoque des pathologies dermatologiques et respiratoires
- Les parcours scolaires sont fortement perturbés et la poursuite d’études rendue presque impossible.
« Sortir du déni »
La Fondation Abbé Pierre exhorte les pouvoirs publics et les acteurs du logement à prendre conscience de la réalité du surpeuplement. Elle dénonce cette tolérance qui consiste à dire que la sur-occupation est un choix ou un moindre mal pour les personnes en situation de précarité connaissant des difficultés de logement. La dimension ethnoculturelle est invoquée souvent comme explication au surpeuplement et renvoie la responsabilité aux familles en déchargeant les pouvoirs publics.
La prise en compte réelle du surpeuplement dans certains territoires comme l’Ile de France ou les DOM et la production de logement adaptés au sein de zones attractives seraient un premier pas. La Fondation demande également l’encadrement du prix des loyers dans le secteur privé et davantage de mobilité au sein du secteur HLM pour libérer les grands logements et ainsi les réattribuer.
La politique du logement en question
Si certaines volontés politiques vont dans le bon sens avec la promotion du « Logement d’abord » pour sortir les personnes de la rue de façon durable, de récentes décisions gouvernementales (baisse des APL, ponction sur le secteur HLM) montrent qu’une réelle politique globale du logement est loin d’être mise en place.
Pour la Fondation Abbé Pierre, l’engagement pris par les candidats à l’élection présidentielle de 2017 « sans domicile : objectif zéro » ne peut se réaliser qu’en changeant de philosophie sur l’accès au logement. L’exemple du modèle finlandais, qui a réduit de moitié le chiffre de personnes sans domicile en 20 ans, suppose un réel engagement politique de l’État et un investissement financier de taille.