Grève de la faim illimitée au centre hospitalier du Rouvray

Le 5 avril, lors de son passage au centre hospitalier du Rouvray (Seine-Maritime) à l’occasion d’un déplacement sur le thème de l’autisme, Emmanuel Macron avait eu un échange houleux avec une infirmière qui demandait davantage de moyens. Le président l’avait alors renvoyée au déficit public de la France. Depuis le 21 mai, sept membres du personnel soignant de l’hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) sont en grève de la faim et campent avec leurs soutiens dans les locaux administratifs du Centre hospitalier du Rouvray.

« Nous demandons juste de pouvoir faire correctement notre travail », déclare à l’AFP Jean-Yves Herment, infirmier et délégué syndical CFDT. Cela fait des mois que nous tirons la sonnette d’alarme. La direction et l’Agence régionale de santé ne nous opposent que du mépris. Nous passons donc à une nouvelle phase. » La direction n’a pas répondu à nos sollicitations.

Solution extrême face au mépris

Depuis le 22 mars, les agents du centre hospitalier sont en grève illimitée. Soutenus par l’intersyndicale (CGT, CFTC, CFDT, Sud), ils dénoncent les dégradations des conditions de prise en charge des patients et de leur travail. Ils revendiquent la suppression définitive des lits supplémentaires qui constituent une sur-occupation chronique de l’hôpital, une solution immédiate au problème des mineurs hospitalisés en unité adultes, une augmentation des effectifs et l’arrêt définitif des fermetures des structures extrahospitalières. Cette plateforme de revendications a été soumise à la direction du CHR et à l’ARS. Pour des raisons de budget, l’établissement renvoie à l’ARS, qui renvoie au ministère de la Santé.

Face à cette fin de non-recevoir, sept professionnels du soin en sont donc venus à la solution extrême de mettre en danger leur santé en cessant de s’alimenter. « Cependant, au-delà même de leurs revendications internes à l’établissement, leur message a une vocation bien plus large et s’adresse à la France entière, remarque sur son blog le psychiatre Fethi Brétel, qui a travaillé dans cet établissement pendant treize ans jusqu’en 2016. L’hôpital public est à l’agonie, et au-delà, d’autres services publics sont menacés à court terme. La question est évidemment politique. »

Des lits de camp pour les patients

Le 5 avril, une infirmière témoignait alors devant les caméras des conditions indignes régnant au centre hospitalier : « On accueille des patients sur des lits de camp, pendant des heures et des heures [...] On mélange les personnes de 14 ans à 90 ans. C’est une honte ! On est quasiment en 2020 et on travaille dans des conditions de travail pas possibles. » Emmanuel Macron avait alors promis des décisions très importantes d’ici l’été.