N° 1336 | Le 28 mars 2023 | Critiques de livres (accès libre)

Fragments de vie d’un référent ASE

Jacques Trémintin


Éd. Érès, 2023, (250 p. – 25 €) | Commander ce livre

Thèmes : Protection de l’enfance, Écriture, Pratique professionnelle

Mémoires pas encore d’outre-tombe

Parvenu au bout du bout d’une carrière dans la protection de l’enfance, Jacques Trémintin égrène dans son ouvrage les fragments d’une vie consacrée à celles, toutes aussi fragmentées, des nombreux gamins accompagnés. Au risque, le moment venu de poser le «  point final  », de déplorer le sentiment que cette succession d’instantanés laisse échapper, malgré elle, le sens et la complexité de ce métier de «  référent ASE  ». À quoi bon tous ces récits ? Comment oser dire «  je  » sans paraître prétentieux ? De sorte que, jusqu’à la remise du manuscrit maintes fois retravaillé, l’auteur aura douté de l’intérêt de venir raconter une histoire, la sienne, emmêlée à des histoires, les leurs… celles des gamins accompagnés. Ce dont il est question tout au long des histoires racontées ici, c’est qu’il n’y a pas de rencontre s’il n’y a pas un partage (cum pagnere), et qu’il n’y a pas de partage s’il n’y a pas un engagement de soi. Tout son récit est empreint de cette subjectivité que le Politique et les instances représentatives du secteur se sont appliqués à expurger des référentiels métier et de formation. Si le lecteur n’était pas présent à l’instant du voir, il n’empêche qu’au moment du lire résonnent et raisonnent en lui des éléments de similitude dans le vécu qui lui permettent d’accéder aux enjeux des situations exposées. Loin d’être convoqué à une place de voyeur, le lecteur est invité par son expérience des faits et par son intelligence du métier à valider une posture éducative qui n’est pas seulement celle de l’auteur mais aussi de tout éducateur véritablement engagé dans le métier. Au plaisir de la lecture s’ajoute alors la sensation d’une plénitude liée au sentiment d’appartenir à une même «  corporation  » ; non pas au sens d’un «  groupe d’intérêts  » mais d’une «  communauté de savoirs  ».

Philippe Gaberan


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