Exil : Étude de la souffrance psychique

Un rapport du Centre Primo Levi et de l’association Médecins du Monde dresse un bilan alarmant de l’état de santé des personnes exilées en France*. Non seulement ces réfugiés ont souvent vécu le pire dans leur pays d’origine (guerre, violences, torture, discriminations), ont risqué leur vie pour arriver ici, mais en plus ils subissent des attitudes hostiles et des conditions de vie dégradantes à l’arrivée, écrivent les auteurs. Pas étonnant donc que cela se traduise par un risque accru de troubles : addictions (surtout à l’alcool), idées suicidaires, troubles du sommeil ou encore problèmes somatiques.

« La durée de la procédure d’asile et la crainte du renvoi, cumulées aux expériences pré-migratoires, créent un phénomène d’usure et débordent les capacités de résilience des personnes », peut-on lire dans le rapport. 60% des demandeurs d’asile présenteraient un syndrome psychotraumatique et 8% des traumas complexes de type « état limite ».

Les auteurs entendent dénoncer l’absence de prise en compte des problèmes de santé mentale chez les réfugiés et un manque de formation chez les acteurs de terrain.

Autre problème ciblé : le manque de traducteurs faute de financements, qui empêche les réfugiés de pouvoir raconter leurs parcours aisément. Des conclusions alarmantes rejoignant celles de la Cimade qui, dans un rapport intitulé Personnes malades étrangères. Soigner ou suspecter ? Bilan des effets de la réforme du 7 mars 2016, s’inquiète des personnes étrangères gravement malades de plus en plus souvent renvoyées dans leur pays d’origine. Les auteurs du rapport dénoncent une obsession de lutte contre la fraude, des préfets qui passeraient outre les avis médicaux en expulsant des personnes malades censées pouvoir se soigner dans leur pays d’origine. En somme un droit à la santé de plus en plus souvent bafoué pour les personnes exilées.

* La souffrance psychique des exilés – Une urgence de santé publique, rapport du Centre Primo Levi et Médecins du Monde.