Être aidant familial et travailler : une situation délicate
Depuis 7 ans, le 6 octobre est la Journée des aidants. Elle met en lumière ces 11 millions de Français, parents, conjoints, enfants, proches, qui prennent soin au quotidien d’une personne fragilisée, malade ou handicapée. En 2016, l’événement est plus particulièrement dédié aux aidants actifs, soit plus de la moitié. D’après l’enquête Macif–Unaf, Être aidant et travailler, réalisée en 2015 auprès de 371 salariés aidants, un sur cinq préfère taire sa situation auprès de son employeur et s’adapte en jonglant entre les RTT, les congés, les arrêts maladie. Les femmes assument majoritairement ce rôle, réduisant si besoin leur temps de travail voire cessant leur activité professionnelle, au risque de se précariser, s’isoler et s’épuiser.
Cette situation préoccupante tient pour beaucoup au manque d’information. Plus de 70 % des salariés aidants ignorent les aides financières, humaines ou techniques, mises à leur disposition. Ainsi, la loi de 2016 relative à « l’adaptation de la société au vieillissement » autorise désormais les salariés aidants à prendre un « congé de proche-aidant » de trois mois renouvelables, avec la possibilité de négocier un temps partiel avec l’employeur. La loi prévoit également le droit au répit pour permettre aux proches aidants de se reposer ou de s’accorder du temps libre. Au-delà de les valoriser, cette journée des aidants peut donc les aider à mieux s’informer.
L’aide à domicile, un secteur toujours fragile
Dans un récent sondage réalisé par l’ADMR, 63 % des français disent ne pas se sentir prêts à affronter seuls une situation familiale complexe : naissance multiple, maladie grave d’un enfant ou perte d’autonomie d’une personne âgée. Les attentes concernant le développement des services d’aide à la personne sont donc fortes. 8 % des Français considèrent qu’il est souhaitable de développer l’aide aux aidants (tâches ménagères, prise en charge ponctuelle, déplacements…).
Justement, la secrétaire d’État chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, Pascale Boistard a annoncé lors des Assises nationales de l’Aide à domicile le 19 septembre que le fonds de soutien aux « bonnes pratiques », créé en juillet, sera doté en 2017 de 50 millions d’euros. Géré par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), ce « coup de pouce » doit soutenir les contrats passés entre les Conseils départementaux et les services d’aide à domicile.
Le compte n’y est pas
Signalant depuis des mois que la loi n’est pas appliquée dans la majorité des départements, les quatre fédérations associatives de l’aide à domicile (Una, ADMR, Adessadomicile et Fnaafp/CSF) ont réagi vertement à cette annonce. « Madame la secrétaire d’État, ce n’est pas d’un coup de pouce dont le secteur a besoin, mais d’un réel financement à la hauteur des besoins des personnes et des coûts de revient des services. » Près d’un an après son adoption, la mise en œuvre de loi d’adaptation de la société au vieillissement - dont de nombreux décrets n’ont pas encore été publiés - reste poussive.