N° 706 | Le 22 avril 2004 | Patrick Méheust | Critiques de livres (accès libre)

Éthique et travail social

Brigitte Bouquet


éd. Dunod, 2003 (230 p. ; 24 €) | Commander ce livre

Thème : Éthique

Le terme éthique est devenu aujourd’hui d’un usage galvaudé. Dans le domaine du travail social, employé à tort et à travers, il peut parfois même servir d’ultime recours lorsqu’on n’a plus grand-chose à dire. C’est sans doute le cas quand, à bout d’arguments, on invoque la formule magique : « mon éthique me l’interdit »… Le livre de Brigitte Bouquet a pour objet de clarifier la notion d’éthique dans une perspective qui serve à raffermir le sens du travail social.

Un premier distinguo s’impose d’office entre éthique et morale. La morale véhicule, pour ce qui la concerne, un aspect d’obligation. Elle s’impose en quelque sorte aux êtres humains au nom de valeurs universelles qu’il convient de servir. L’éthique, quant à elle, est plus personnelle. Elle s’enracine, selon Paul Ricoeur dans le désir d’être. Elle répond à la question : comment vivre ? Elle est donc le fruit d’un choix et incarne une indéniable liberté. De ce point de vue, l’éthique est également une philosophie de l’action particulièrement précieuse pour les travailleurs sociaux puisqu’elle mobilise un questionnement critique permanent sur la pratique. Sur le plan professionnel, l’éthique doit donc aider à une adaptation continue des missions dévolues au travail social et des techniques utilisées dans ce cadre.

Difficile, cependant, d’aborder le thème de l’éthique sans parler de la distinction opérée par Max Weber entre éthique de conviction et éthique de responsabilité. Les partisans de la première veillent avec ardeur sur la flamme de la pure doctrine tandis que les adeptes de la seconde sont plus préoccupés par ce qui est du domaine du réalisable, du possible dans une conjoncture historique donnée. Le travail social bien pensé s’inscrit, lui, nécessairement, dans une forme de compromis entre ces deux formes d’éthique puisque, né d’idéaux humanitaires et inspiré par une philosophie démocratique, il s’applique à améliorer la condition des êtres humains et à répondre aux légitimes aspirations des plus défavorisés.

Cet ouvrage apportera sans conteste des éléments de réflexion importants aux travailleurs sociaux. Ces éclairages conceptuels seront d’autant plus utiles que la loi rénovant l’action sociale et médico-sociale commence actuellement à produire ses effets. Par contre, on peut s’étonner des répétitions de citations et erreurs typographiques qui nuisent à la qualité du texte, s’agissant d’un ouvrage proposé par la titulaire de la chaire d’action sociale au Conservatoire national des arts et métiers.


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