Enrichir les plus riches, appauvrir les plus pauvres

Notre gouvernement est très généreux, quand il s’agit de distribuer des milliards aux entreprises, mais très parcimonieux pour ce qui est de l’aide aux plus démunis.
Le fondement de sa politique s’appuie sur deux mythes.

Le premier nous vient des USA : « Trickle down theory » ou en français théorie du ruissellement. Augmenter les revenus des plus riches permettrait qu’ils investissent dans l’économie et donc qu’ils créent des emplois. Croire que les couches sociales les plus aisées vont être pris d’un élan patriotique en privilégiant l’investissement dans des entreprises françaises relève soit d’une incroyable naïveté, soit d’une rebutante hypocrisie. Car, l’argent n’a pas de patrie. Ceux qui en possèdent feront, comme ils l’ont toujours fait : rechercher les placements les plus rémunérateurs où qu’ils soient dans le monde. Ce que montre d’ailleurs le bilan réalisé le 8 octobre 2020, par l’organisme gouvernemental France Stratégie sur les effets de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune. Il lui a été impossible de mettre en évidence le moindre effet significatif sur l’investissement et sur ce qui a été fait avec les sommes données.
Un second mythe laisse croire que les pauvres profiteraient des aides sociales pour s’installer dans l’oisiveté et la paresse. Gagner 565 euros par mois suffirait donc à rester au chômage, en profitant grassement de cette manne, plutôt comme dit Emmanuel Macron que de traverser la rue pour trouver du travail ? Ce préjugé ne se confirme pas sur le terrain. De 1974 à 1979, le Canada a expérimenté un revenu de base inconditionnel et annuel accordé aux familles les plus pauvres. Evelyn Forget, une chercheuse ayant étudié les effets sur le rapport au travail a mis en évidence que « peu de gens ont cessé de travailler, et même parmi ceux qui avaient un emploi à temps plein, très peu ont réduit leur temps de travail. En fait, un revenu garanti bien conçu incite les gens à travailler car il complète les revenus des travailleurs pauvres et est beaucoup plus efficace que tous autres types d’aide sociale. »
ATD-Quart Monde a de son côté répondu avec précision aux erreurs induites par ce second mythe : https://blogs.mediapart.fr/atd-quart-monde/blog/201020/quand-un-chef-economiste-se-trompe-lourdement-sur-le-rsa
Notre gouvernement ne serait-il pas plus avisé de prendre comme conseillers des personnes qui éprouvent la vraie vie ?