En Paca, l’Uriopss appelle à la résistance face à la circulaire Collomb
Le 22 janvier, les associations de solidarité de la région PACA ont dénoncé lors d’une conférence de presse la circulaire Collomb visant à contrôler la situation administrative des personnes accueillies en centre d’hébergement. Eric Kérimel, représentant de l’Uriopss Paca-Corse a effectué un petit rappel des fondamentaux du travail social. « La loi ne justifie pas que l’on bafoue les valeurs du travail social. Il a fallu attendre 1848 pour que la France abolisse l’esclavage, ce n’est pas parce qu’une directive est légale qu’il faut l’accepter. Les associations ne peuvent être réduites à des outils de la politique du gouvernement. Nous sommes et nous restons guidés par le Code de l’action sociale et des familles ». L’Uriopss dénonce une atteinte aux droits fondamentaux des usagers et un appel à la discrimination. « La circulaire visant à faire rentrer les agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) dans les centres d’hébergement d’urgence montre qu’il y a une dérive des pouvoirs publics. Ce dérapage, qui en suit d’autres, est révélateur d’un climat extrêmement tendu entre l’État et les associations. »
Injonctions illégales
« Le principe d’accueil inconditionnel en hébergement, et son corollaire, la continuité de la prise en charge, constituent non seulement la pierre angulaire de notre engagement, mais encore un principe cardinal de l’action sociale », poursuit l’union régionale. Déjà, lors d’une rencontre avec le préfet de région le 18 janvier, les associations avaient signifié leur refus de se soumettre « aux injonctions illégales de collecte et de transmission d’informations à caractère personnel susceptibles de porter préjudice aux personnes. Car même sans droit au séjour, les personnes ne sont pas dépourvues de droits à l’hébergement, à la santé, à l’éducation, à la protection du domicile, à la protection contre les traitements inhumains et dégradants ». Ce recensement des personnes présentes dans l’hébergement, comme demandé par la circulaire, se heurte, en effet, aux règles de confidentialité fixées par la loi « informatique et libertés ».
L’accueil low cost en question
« Face à l’ineptie de cette circulaire, il appartient aux conseils d’administration de prendre leurs dispositions, explique Eric Kérimel. Mais nous constatons déjà que le tri s’opère au niveau des services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO), donc il y a un public que nous ne voyons plus. Certaines grosses associations sont les clés à molette de l’État, elles ne sont pas portées par un fond militant, mais par le désir d’obtenir des marchés, même s’il faut pour cela accepter de faire de l’accueil low cost et faire venir des agents administratifs ou des forces de l’ordre ».
Cet appel à la résistance a trouvé le soutien du Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui demande le retrait de cette directive flirtant avec l’illégalité, et rappelle lui aussi que le seul critère de l’accueil en hébergement d’urgence est la vulnérabilité des personnes.