EHPAD : passer de la mission à l’action
De nombreux salariés d’Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) dénoncent depuis plusieurs mois les conditions d’accueil des résidents et leur souffrance au travail. Le gouvernement a donc lancé une « mission flash » sur la situation des EHPAD : confiée à Monique Iborra, députée LREM de Haute Garonne, son rapport remis récemment présente un diagnostic des « défis du secteur » et des mesures à prendre à court terme.
Ce qui va mal
Premier constat : la population accueillie dans les EHPAD aujourd’hui a changé et fait évoluer ce « lieu de vie dans lequel on soigne » vers un « lieu de soin dans lequel on vit ». Un nouveau mode d’accompagnement doit voir le jour, adapté aux pathologies présentées. Car pour faire face à la dépendance plus importante des résidents, les personnels sont en nombre insuffisant. Une dégradation des conditions de travail qui peut conduit, en plus d’un nombre record d’absentéisme et d’accidents du travail, à de la « maltraitance institutionnelle ». Recrutements difficiles, manque de personnel médical criant : certains EHPAD font nécessairement appel à des « faisant-fonction » aux compétences insuffisantes pour certains soins.
La tarification est jugée kafkaïenne par Madame Iborra. En cause, le décret du 21 décembre 2016 qui la rend trop complexe, augmente les inégalités territoriales (au niveau départemental) et pénalise les établissements publics.
Enfin le reste à charge est parfois trop important pour les personnes accueillies, en majorité des femmes seules, qui doivent payer des frais d’hébergement de 2 000 € en moyenne.
5 propositions à court terme
Pour améliorer dans l’immédiat la situation critique des EHPAD, le rapport préconise de mettre en place :
- Une revalorisation du statut d’aide-soignant
- La présence obligatoire d’un infirmier diplômé la nuit dans tous les EHPAD
- La modification de la tarification prévue par le décret du 21 décembre 2016
- Le maintien et la priorité de l’allocation des contrats aidés en direction des EHPAD
- Une garantie d’une plus grande transparence sur les prestations offertes par les EHPAD
La mission flash ne peut toutefois se suffire à elle-même, il importe maintenant d’entreprendre une réflexion en profondeur : observer la réalité du terrain et mettre en adéquation les besoins des personnes accueillies avec le nombre et le profil des personnels des EHPAD.
La députée fait le vœu d’une réflexion à l’échelle nationale sur l’EHPAD de demain, qui prendrait en compte l’évolution des publics et les attentes des personnes accueillies. L’« EHPAD à domicile » pourrait devenir une réalité, sur le modèle d’expérimentations en cours. Un questionnement sur la création de nouvelles structures sanitaires permettrait en parallèle de mieux prendre en charge la fin de vie sur le versant médical.