Diplômes et métiers : nouvelle mobilisation

«  On ne lâche rien ! » : alors que la lutte contre la réarchitecture des diplômes dessinée par la Commission professionnelle consultative (CPC) se poursuit chez un certain nombre d’acteurs, syndicats et collectifs, les travaux portant sur la revalorisation de la filière sociale de la fonction publique nourrissent aussi les inquiétudes.

Le collectif Avenir Éducs appelle donc les professionnels et les étudiants des trois versants de la fonction publique à rejoindre la mobilisation organisée demain par plusieurs syndicats, dont la CGT et la FSU. Appel relayé par les EGATS (Etats Généraux Alternatifs du Travail Social) pour l’ensemble des travailleurs sociaux et étudiants.

Les parisiens ont rendez-vous entre 12h et 14h métro Solférino, les strasbourgeois à 11h devant la permanence du député Philippe Bies, les toulousains à 12h30 devant la préfecture ou encore les rennais à 12h devant l’ancienne préfecture.

Revalorisation de la filière sociale

Les travaux de revalorisation de la filière sociale de la fonction publique, ouverts le 15 novembre, s’appuient sur le protocole relatif aux parcours professionnels, carrières et rémunérations. Ce document prévoit que les fonctionnaires de la filière sociale bénéficieront d’une revalorisation à partir de 2018 avec une reconnaissance de leur diplôme au niveau licence.

Ce qui pourrait passer à première vue pour une bonne nouvelle suscite pourtant des craintes chez les professionnels. La plus forte : ce rapprochement de la filière sociale avec la filière paramédicale reste lié… à la réingénierie des diplômes du travail social, « première étape d’une reconnaissance de ces diplômes au niveau licence » selon un document de travail ministériel. Ensuite, les grilles indiciaires proposées, et donc les revalorisations salariales à venir en 2018, sont jugées insuffisantes par plusieurs syndicats.

Crainte sur le contenu

La réarchitecture des diplômes et le passage au niveau licence ont alimenté les discussions lors des journées d’études sur l‘éducation spécialisée organisée vendredi et samedi à Toulouse par la maison d’édition érès. Si certains professionnels défendent une simplification des diplômes actuels, si beaucoup voient d’un bon œil le socle commun de connaissances, de nombreux autres s’inquiètent du « contenu » des formations, craignant un manque de spécialisation et donc un appauvrissement de l’essence même des métiers.

D’autres pointent le risque de déqualification introduit par le passage au niveau licence, déjà à l’œuvre aujourd’hui dans les établissements. L’inter-régionale des formateurs en travail social, créée cet été pour proposer une autre vision de la formation et retrouver du sens, s’est d’ailleurs réunie en marge de ce colloque pour prolonger leur réflexion.

« L’énigme de la rencontre avec l’autre », cette clinique qui nécessite de croiser de nombreux savoirs avec la pratique, reste une affaire « éminemment complexe » rappelait Joseph Rouzel, éducateur spécialisé et psychanalyste. Une complexité à laquelle les professionnels restent attachés et qu’ils estiment menacée.