N° 1246 | Le 5 mars 2019 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Des rencontres bien innocentes

Regis Granier


éd. La Brochure, 2017, (88 p. – 8 €)

Thème : Assistante sociale

Le quotidien des travailleurs sociaux mêle des petits riens propices à la relation et aux liens qui se tissent avec ces moments qui déstabilisent et insécurisent l’intervention. C’est plutôt sur ce second registre que nous entraîne Régis Granier. Il a choisi de nous décrire certaines de ces situations extrêmes, de ces passions vives et de ces épisodes inattendus qu’il a rencontrés au cours de ses quarante trois ans de carrière professionnelle. C’est cette jeune femme atteinte de psychose qui est persuadée que ses yeux grouillent de vers, mais qui ne voit pas qu’elle est devenue l’objet sexuel de son beau-père, oncle et grand-père. C’est cette maman très en colère contre son fils qui ne cesse de voler dans les supermarchés : pensez donc, il n’a jamais partagé son butin avec elle ! C’est cette visite à domicile qui fait frémir les nerfs olfactifs. Inutile d’aller chercher très loin : des sacs poubelles s’accumulent depuis des mois dans la pièce principale. C’est cette enfant qui rencontre enfin sa mère qu’elle s’était imaginée actrice de cinéma en déplacement continu à travers le monde : elle va tomber de haut. C’est ce couple qui ne cesse de se violenter, pour mieux roucouler ensuite comme des tourtereaux. De telles scènes ne sont pas rares dans une profession qui côtoie la marge, l’improbable, voire l’impensable. Certes, on ne s’y habitue pas. Ce serait perdre une partie de notre humanité. Mais on fait avec.


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