Des mineurs marocains dans les rues de Paris

Un « arrangement administratif », tel est l’intitulé du document qui a permis l’arrivée, cet été, de policiers marocains au commissariat du XVIIIème arrondissement de Paris. Ils sont chargés d’appuyer leurs confrères français et d’aider à organiser le retour de mineurs marocains en errance dans le quartier de la Goutte d’Or. «   Un dispositif policier totalement contraire aux Droits de l’enfant » alerte le Gisti. Fin juillet, le Défenseur des droits a saisi par courrier les ministères de la Justice et de l’Intérieur pour en savoir plus sur son application. Le 4 septembre, il attendait toujours la réponse.

Ces enfants sont très jeunes, 10 ans pour les plus petits selon la recherche-action publiée par l’association Trajectoires en avril dernier. Polytoxicomanes, parfois enfants des rues dans leur pays d’origine ou venant de familles aux problématiques complexes, ils « présentent de multiples carences affectant leur capacité de socialisation et générant de la violence, tant vis-à-vis de leurs pairs que vis-à-vis des adultes » souligne l’étude. De février 2017 à février 2018, environ 300 mineurs non accompagnés se disant marocains seraient passés par la Goutte d’Or ; ils sont actuellement entre 40 et 70 présents, chaque jour, avec des problématiques de délinquance.

L’association Hors la rue avait tenté de créer un lien, sans résultat. « La difficulté majeure du travail avec ces jeunes tient à leur mobilité. En 3 ans, certains sont passés par plus de 15 villes en Europe » note Trajectoires. Un centre d’accueil, géré par le CASP et soutenu par la mairie de Paris, tente des prises en charge. L’arrivée des policiers marocains risque d’ajouter à la complexité de la situation. « Une coopération avec les services sociaux ou de protection de l’enfance marocains aurait été souhaitable pour organiser l’identification, les contacts avec la famille, éventuellement proposer un retour aux jeunes, affirme Jean-François Martini du Gisti, mais l’arrangement administratif parle de lutte contre l’immigration irrégulière ». Très loin de la protection de l’enfance et du respect de ses droits fondamentaux.