Départements : nouveau bras-de-fer avec l’Etat

« Demain, les départements ne pourront plus payer le RSA » : c’est l’un des six slogans chocs de la campagne lancée cette semaine par Dominique Bussereau (LR) au nom de l’Assemblée des départements de France (ADF) pour dénoncer leurs finances exsangues. Rassemblement devant l’Assemblée nationale, réunions publiques, affichage : l’ADF n’a pas lésiné sur la communication.

Ce bras-de-fer avec l’État ne date pas d’hier et l’approche des élections présidentielles et législatives échauffe un peu plus les esprits. Mais au fond qu’en est-il du sujet en question ? Une situation financière réellement délicate pour de nombreux départements, qui voient leurs dépenses augmenter et leurs dotations baisser. Cela ne peut pas fonctionner, c’est mathématique, comme le montre l’ODAS dans ses différents rapports, et n’en déplaise au ministère de la santé et des affaires sociales qui parle de « campagne de désinformation honteuse lancée pour des raisons purement politiciennes ». Le même ministère a toutefois de bonnes raisons d’affirmer que « l’ADF a joué la politique du pire en déclinant l’offre de l’État » lors des négociations autour de la renationalisation du RSA, soldées par un échec.

Victimes silencieuses

Hier, le gouvernement a consenti à débloquer un fonds d’urgence de 200 millions d’euros pour les départements les plus fragiles, en plus d’une rallonge de 50 millions prévue dans le projet de loi de finances pour 2017 pour des projets d’insertion.

Mais l’ADF en demande plus et fera des propositions du 5 au 7 octobre prochain à Poitiers lors de son congrès. Dans cette passe d’armes politique, certains demeurent inaudibles : les plus fragiles, que les départements sont censés protéger et accompagner. Car la liste des initiatives qui obèrent cet accompagnement s’allonge de jour en jour : fin du financement des interprètes dans les centres sociaux de la Drôme, menaces sur le versement de l’aide sociale légale aux associations dans l’Essonne, projet de versement du RSA conditionné à du bénévolat dans le Haut-Rhin, etc.

Dans les querelles de pouvoir, ce sont souvent les victimes collatérales qui ont le moins les moyens de se faire entendre...