N° 821 | Le 14 décembre 2006 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Comment élever un ado d’appartement ?

Anne de Rancourt


éd. Chiflet & Cie, 2006 (126 p. ; 9,50 €) | Commander ce livre

Thème : Adolescence

Les études scientifiques l’on démontré : on peut fort bien élever un ado d’appartement, sans danger majeur, pour peu que l’on respecte un certain nombre de conseils. L’ado vit traditionnellement dans une pièce jonchée de matières plus ou moins identifiables (restes de hamburgers, mouchoirs douteux, bonbons de gélatine fondue écrasés), d’affaires de classe, de chaussettes sales, de sous-vêtements divers…

Ne cherchez surtout pas à lui apprendre l’ordre, vous le traumatiseriez gravement. Il a besoin de s’épanouir dans sa recherche de repères spatio-temporels et de déployer toute sa créativité sur son territoire personnel. L’ado peut faire preuve d’une étonnante vivacité, se mettant à sauter comme un kangourou sauvage alors même que quelques instants auparavant, il était vautré sur son lit sans signe de vie, l’œil éteint, comateux. On reste béat devant ses capacités de distorsion, d’avachissement, de ratatinement : même assis il ne tient pas debout. C’est qu’il est en pleine croissance. De ce fait, les activités ménagères, le maniement du chiffon à poussière ou de l’aspirateur sont éminemment dangereux, voire toxiques pour lui. Toute contrainte l’obligeant à quitter le canapé du salon et en conséquence à lâcher la télécommande du téléviseur est à proscrire totalement.

Parmi ses compétences innées, l’on trouve un extraordinaire sens de l’orientation qui lui permet de trouver le chemin du garde-manger ou du frigidaire (ne vous mettez jamais en travers du chemin d’un ado mâle entre l’entrée et le réfrigérateur). Il doit pouvoir y accéder à toute heure du jour et de la nuit. Il y va de sa croissance harmonieuse. En temps voulu, l’ado vous fera comprendre par son comportement, ses rougeurs ou ses pâleurs subites, que la période du rut est arrivée. Des indices spécifiques vous mettront sur la piste : coups de téléphone répétés (ne vous mettez jamais en travers de la route d’un ado femelle entre l’entrée et le téléphone), stations prolongées dans la salle de bain, air absent, notes en nette diminution…

Encore que cette baisse n’est pas si caractéristique que cela. Il est scientifiquement prouvé que les résultats scolaires d’un ado sont inversement proportionnels à sa masse capillo-palmaire (autrement dit à la taille du poil qu’il a dans la main). L’ado a besoin de beaucoup dormir. Ne vous inquiétez pas : vérifiez chaque matin, vers 15h, qu’il respire encore dans son sommeil. Certains adolescents sont parfaitement capables d’émettre des sons articulés. Il suffit pour le vérifier, d’essayer de leur parler. Mais renoncez à leur faire apprendre cette syntaxe désuète et dépassée. Ces quelques conseils devraient permettre aux parents de survivre.


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