N° 789 | Le 16 mars 2006 | Katia Rouff | Critiques de livres (accès libre)

Clocheman

Jean-Paul Fantou


éd. Presses de la Renaissance, 2005 (280 p. ; 18 €) | Commander ce livre

Thème : SDF

« Vous avez tort de juger sans savoir, et votre jugement, votre regard, ce sont eux plus que tout qui condamnent à rester dans la rue », écrit Jean-Paul Fantou. Il a choisi le « nom de guerre » Clocheman pour porter la voix des personnes sans-abri. Son livre témoigne d’une descente aux enfers mêlée à un combat incessant pour s’en sortir.

D’abord une enfance très difficile — coups et humiliations, séjours à l’Assistance publique — puis les premiers boulots, la rencontre avec la drogue et la prison. Malgré tout, Jean-Paul Fantou rebondit : travail, vie syndicale, vie de couple, naissance de sa fille Élisabeth… mais après la séparation avec sa femme, il enchaîne les grèves de la faim pour dénoncer l’injustice qui le sépare de sa fille. Il se heurte à des murs et, fatigué, finit dans la rue. Suivent des années chaotiques à sillonner l’Europe, à dormir dans toutes les structures d’hébergement possible ou dans la rue avec des compagnons d’infortune, des sursauts, des boulots, des rechutes, les drogues, l’alcool. Une discussion avec l’Abbé Pierre va profondément le marquer. « C’est à des gens comme toi de prendre ma relève », lui dit le vieil homme. Jean-Paul Fantou décide alors de se battre pour témoigner de la réalité de la vie à la rue, de l’inadéquation des structures d’accueil, de leur folie parfois, d’un système kafkaïen empêchant les personnes sans-abri de s’en sortir.

Dans la dernière partie de son ouvrage, il invite chacun à lutter pour que le système d’accueil et d’accompagnement des personnes sans-abri s’humanise. Suivent des mesures concrètes et de bon sens dont l’application pourrait enrayer le parcours du combattant que livrent chaque jour les personnes sans-abri comme notamment l’accueil sans limite de durée dans les centres ; des lieux d’accueil adaptés aux différents publics (couples, personnes avec un animal…) ; l’abolition des dortoirs et le respect de l’intimité des résidents ; des règlements moins draconiens…


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