Calais : les associations sous pression

« C’est le degré zéro de l’accueil, pire c’est la chasse aux exilés et la mise sous pression des associations qui les aident. » Vice-président de l’Auberge des migrants, François Guennoc résume ainsi la situation à Calais. Depuis le début de l’année, après le démantèlement de la « jungle » à l’automne, les exilés majoritairement Afghans, Erythréens, Ethiopiens et Soudanais reviennent. « Depuis octobre et le démantèlement de la jungle, la seule consigne pour les forces de l’ordre est d’empêcher les points de fixation. Alors la nuit, les migrants sont délogés avec du gaz lacrymogène dans leur sac de couchage. Le jour, ils sont coursés et subissent des violences ».

1 500 repas en 1h30

Depuis début juin, la distribution de repas n’est tolérée que pendant une heure et demie, à un seul endroit. « Nous distribuons 1 500 barquettes de riz aux légumes par jour, pour environ 600 migrants. Nous donnons aussi de l’eau, des vêtements, des sacs de couchages qui sont systématiquement détruits par la police. C’est également l’occasion de faire un peu de bobologie et du repérage de femmes seules avec enfant ou de mineurs. »

La cuisine où sont fabriqués ces repas est menacée de fermeture à la suite d’un contrôle de la Direction générale de la protection des populations (DGPP). « Elle nous reproche de ne pas être aux normes sanitaires des cantines. Mais nous sommes têtus, nous continuerons à nourrir les migrants. »

Début mars, deux arrêtés municipaux interdisaient la distribution de repas aux migrants, avant d’être suspendus par le tribunal administratif de Lille. Pour la centaine de bénévoles, ces distributions s’effectuent désormais sous pression, dans un jeu du chat et de la souris avec les autorités. Les CRS sont même intervenus dans la cour d’une église. Une bénévole a également passé 48 heures en garde à vue pour outrage à agent.

Le gouvernement envoie les CRS

Beaucoup de mineurs n’ont pas obtenu le droit d’aller en Angleterre et ont fui les Centres d’accueil et d’orientation (CAO) pour tenter de passer la Manche par leurs propres moyens. Il y a aussi à Calais environ 200 anciens du camp de Grande-Synthe, détruit par le feu en avril.

Et avec le printemps, de nouveaux venus sont attirés par la proximité de la Grande-Bretagne. « Ce mouvement risque de s’accentuer après le ramadan, croit savoir François Guennoc. Cela fait quarante ans que ça dure, et ça va continuer. » Face à cette urgence humanitaire, le 5 juin, le gouvernement a annoncé l’envoi de 150 CRS supplémentaires.