Bidonville • La fin du Samaritain

C’était le plus vieux bidonville de France. Le Samaritain, à La Courneuve, a été démantelé le 27 août dernier. Environ 300 personnes vivaient dans ce campement, essentiellement originaires de Roumanie. Le jour de l’expulsion, il restait selon Médecins du Monde (MDM), 200 personnes. Face aux rumeurs d’évacuation imminente, certaines familles avaient déjà plié bagages. Seules 13 propositions d’hébergement d’urgence - deux nuits dans des hôtels éparpillés sur toute l’Ile de France - ont été faites par la préfecture à certaines familles, avec des enfants de moins de trois ans, aux femmes enceintes et aux personnes très malades. « En réalité, nous avons vu des femmes enceintes et des enfants de moins de trois ans laissés à la rue », témoigne Nathalie Godard. Elle coordonne la mission banlieue de MDM, avec la Fondation Abbé Pierre (FAP), elles ont longtemps œuvré pour que d’autres solutions soient mises en œuvre sur ce vieux bidonville. « L’idée était de proposer à la mairie un projet qu’elle aurait pu valoriser », soutient Baptiste Pascal d’Audaux, médiateur scolaire à l’ASET93 qui intervenait sur l’ancien terrain. Un projet soutenu par de nombreuses personnes, dont le Défenseur des droits qui regrettait que la mairie n’ait pas vu dans ce « projet inédit de résorption progressive », une alternative à l’expulsion. MDM aurait pris en charge le nettoyage du terrain, l’installation de sanitaires, la poursuite du suivi médical tandis que la FAP se serait chargée du volet social. « Nous aurions poursuivi notre travail pour scolariser les enfants et espérer ainsi faire sortir les familles du bidonvilles par le haut et non par le bas, par la destruction » poursuit Baptiste Pascal d’Audaux qui voit dans cette énième expulsion « un énorme gâchis ». Principal blocage à la mise en œuvre de ce projet : le maire de La Courneuve qui répète que ce projet « tend à pérenniser les bidonvilles » et en appelle à la responsabilité de l’État. « S’il est vrai que l’Etat ne prend pas ses responsabilités, la mairie avait toutefois l’opportunité de se saisir des propositions portées par un grand nombre d’acteurs. Elle ne l’a pas fait », regrette Nathalie Godard. Jeudi 3 septembre, une cinquantaine de personnes campaient toujours devant la mairie, à côté d’une cinquantaine d’Ivoiriens expulsés de leur squat le lendemain du Samaritain sans aucune solution proposée. Les familles roms et leur soutien ont été reçus par la mairie le 3 septembre : il leur a été annoncé que le gouvernement avait promis une « conférence régionale » pour mieux répartir l’accueil des personnes roms en Ile de France, une vieille revendication du maire de La Courneuve. Mais pour les familles, installées sur le parvis, aucune autre perspective que celle d’une intervention de la préfecture pour faire enlever les tentes. Ce vendredi matin, la police a fait une distribution massive et illégale d’obligations à quitter le territoire à toutes les personnes présentes. Les associations préparent les recours en urgence.