Bidonvilles • L’évacuation forcée pour seule politique
« Une discrimination systémique mise en place par l’État », ce sont les termes employés le 12 janvier par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’European roma rights centre (ERRC) lors de leur recensement annuel des évacuations forcées de lieux de vie occupés par des personnes dites roms.
Ce harcèlement, une particularité bien française et condamnée par de nombreuses instances internationales (dernière en date celle du haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme), s’est traduit en 2015 par ces chiffres : 11 128 personnes ont été contraintes de quitter par la force 111 lieux de vie. Soit 60% de la population vivant en bidonville recensée en France par la délégation interministérielle de l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL).
La LDH dénonce « une situation indigne, inhumaine et dégradante » qui pourtant fait office de politique. La répartition de l’occupation des terrains privés ou publics est plus ou moins égale, mais 80% des expulsions concernent des terrains publics. Bien loin de l’argument souvent avancé de la défense de la propriété privée pour justifier les expulsions. « Ces évacuations forcées sont donc l’expression d’une volonté politique de rejet émise par un ensemble d’autorités étatiques », estime la LDH. Les associations réclament l’arrêt de ces évacuations sans solution de relogement.
En 2015, dans 29 cas seulement sur 111 lieux de vie détruits, des relogements ont été proposés. Et souvent sous forme de quelques nuits d’hôtel. La LDH et le ERRC insistent sur la nécessité de viabiliser les terrains, dans un premier temps, pour permettre un accompagnement social au long cours vers un logement pérenne mais aussi une insertion sociale. Car chaque expulsion implique une rupture des soins et des parcours scolaires, des pertes d’emploi et du lien avec les collectifs ou associations qui entourent ces bidonvilles. Une errance sans fin.