Bas Rhin : L’hébergement d’urgence à la rue
La résistance s’organise en Alsace. Car décidément, dans la région, la solidarité n’est plus au programme des politiques publiques. Après le Haut-Rhin, qui instaure un véritable chantage au RSA (lire plus bas) le Conseil départemental du Bas-Rhin vient tout simplement de réduire à zéro son budget dédié à l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes sans abri.
Un budget de 640 000 euros qui passe à la trappe. Et avec lui des associations « dans un profond désarroi », alerte la Fnars Alsace, qui risquent de ne pas y survivre. « Touchés à mort », les mots de Carole Ely, la directrice de Regain, une association d’hébergement de femmes à la rue ou victimes de violence, disent la brutalié du choc. Le collectif des associations unies prédit des « conséquences dramatiques » dans une lettre ouverte à Frédéric Bierry, président (LR) du département. Lequel allègue qu’il veut mettre l’État « au défi ». Un jeu qui peut coûter cher aux centaines de personnes sans-abri dans la région. « Comment justifier une décision aussi brutale qui aura pour effet d’augmenter la grande précarité et les situations d’errance sur votre territoire ? » interroge la lettre.
Rassemblement
ou foire d’empoigne ?
A Strasbourg, la situation de l’hébergement d’urgence est déjà très tendue : le 115 du Bas-Rhin ne répond qu’à une demande d’hébergement sur trois. Le collectif SDF Alsace relève que 700 demandes sont en attente au SIAO insertion.
Aux yeux de Michel Poulet, assistant social et secrétaire de la section syndicale départementale FO Santé-social, cette politique d’austérité relève aussi de choix politiques « qui touche les plus fragiles d’entre nous ». Il craint des licenciements importants dans les différentes structures touchées par les baisses, notamment l’association Regain, l’AAHJ et Horizon Amitié. S’il espère que l’Etat viendra compenser la casse pour éviter la fermeture de certaines structures, il n’exclut pas « une foire d’empoigne » entre les associations restantes pour récupérer « les parts de marché ». Une intersyndicale CGT, FO, SUD appelle à une réunion ouverte à tous pour débattre des actions à mener.
Carole Ely y sera. Le dispositif d’accueil collectif de l’association Regain (30 places) est directement menacé. Il perd 25 % de son financement. « Or cet accueil est le socle de notre association qui dispose aussi de 16 places en logement d’insertion et 30 en CHRS ». L’hébergement collectif représente souvent une porte d’entrée pour les femmes qui sont accompagnées sur le long terme par cette petite association. « Si ce dispositif doit s’arrêter alors l’association s’arrête » explique la directrice. Elle aussi espère des compensations de l’Etat mais juge injuste la position du Conseil départemental qui renvoie à l’Etat la responsabilité de financer ces structures. « Mon association est portée à 60% par l’Etat » rappelle-t-elle. Le 11 février, associations et collectifs manifestaient contre cette décision alors que les représentants du Conseil départemental, de l’Etat et de la ville de Strasbourg se réunissaient.
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