N° 860 | Le 8 novembre 2007 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Analyser et faire évoluer les pratiques éducatives

Jacques Danancier


éd. Dunod, 2006 (186 p. ; 23 €) | Commander ce livre

Thème : Pratique professionnelle

Le besoin de construire un regard réflexif sur ses pratiques s’inscrit dans un processus de professionnalisation croissante. Il apparaît essentiel de commencer par replacer les modes opératoires des équipes dans une hiérarchisation qui restitue les fondations au niveau des valeurs initiales de l’institution. Car, ce qui constitue la raison d’être, la place et le faire ensemble des professionnels s’abreuve à des convictions morales, humanistes et altruistes de portée générale.

Puis viennent les missions attribuées par la société. Elles définissent les publics destinataires de la prestation proposée qui peuvent relever de l’éducation spécialisée, du handicap ou de la protection de l’enfance. Elles précisent aussi le mode d’intervention : en milieu ordinaire ou sous la forme d’une prise en charge globale (famille d’accueil, établissement), mais aussi dans une approche venant mixer les deux. Elles définissent enfin les modalités dans le temps : l’urgence, le temporaire ou le long terme. Les méthodes qui découlent de l’axe d’intervention choisi sont les véritables soubassements des pratiques de terrain.

Ces actions quotidiennes ne sont pas gravées dans le marbre : elles doivent pouvoir être relatives, évaluables et adaptables. Les équipes les font vivre selon trois modèles institutionnels. Le premier est marqué par un grand éparpillement, les intervenants ne partageant que très peu de repères communs dans leurs façons de procéder respectives. Le second correspond à un fonctionnement très rigide : y dominent un corpus référentiel incontournable et des velléités de contrôle obsessionnelles. Le troisième modèle, c’est celui qui privilégie une grande latitude quant aux modes d’intervention marqués par beaucoup de labilité dans le temps. Mais quelle que soit l’approche initiale, l’analyse de la qualité d’une pratique doit s’apprécier au fait qu’elle a été établie dans une réflexion collective tenant compte des contraintes attachées à la nature, à la mission du service et aux responsabilités du métier qui l’assume.

En outre, la vision critique sur son travail nécessite beaucoup d’humilité, car « ce que nous percevons aujourd’hui comme des erreurs ou des manquements liés à des pratiques passées ne prévient pas du regard que porteront les travailleurs sociaux dans vingt ou trente ans sur nos recherches et façons de faire actuelle » (p.90). L’auteur illustre sa démonstration, en proposant trois outils portant sur l’analyse des pratiques proprement dites, sur les positionnements professionnels et sur l’analyse des situations globales.


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