N° 1244 | Le 5 février 2019 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Action sociale et empowerment

Bernard Vallerie


éd. PUG, 2018, (79 p. – 8,50 €)

Thème : Pratique professionnelle

Le travail social ne se définit pas comme une action menée sur autrui, mais avec lui, rappelle d’emblée Bernard Vallerie. Son ouvrage synthétise le concept d’empowerment source de tant de polémiques, déclenchant autant d’enthousiasme chez les uns que de défiance chez d’autres.

S’il ne s’agit pas de renverser le pouvoir établi, il est encore moins question d’une injonction faite à l’usager d’une autonomie qui le contraindrait à se débrouiller tout seul. La réappropriation du pouvoir d’agir n’implique pas d’assumer la responsabilité de ses échecs, mais de pouvoir faire, de pouvoir raconter et se raconter, de pouvoir s’octroyer et se faire octroyer la paternité de ses actes. Cette démarche induit une posture professionnelle renonçant à la stigmatisation (confondre la personne avec son problème), à l’infantilisation (ignorer ses compétences), à la victimisation (l’enfermer dans son sort), à l’hyperdéterminisme (dénier tout potentiel de changement) et à la prescription (imposer le suivi d’un plan d’aide pré établi).

Il s’agit bien d’un accompagnement qui s’appuie d’un côté sur l’analyse de l’adéquation entre les besoins et les habiletés des personnes en difficulté et de l’autre sur les caractéristiques et ressources disponibles dans leur environnement en vue de la co-construction du changement souhaité. On passe du diagnosticien au maïeuticien et du modèle de l’expertocratie à celui du catalyseur.


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