APAJH 94 : une grève « historique » qui porte ses fruits

C’est un débrayage qualifié d’historique qui se termine positivement. Le personnel des Maisons d’accueil spécialisées de Bonneuil et d’Alfortville, dans le Val-de-Marne, gérées par l’APAJH 94, avait débuté une grève spontanée le 20 octobre. Il souhaitait dénoncer les mesures d’économie conduisant à un service dégradé, voire dégradant, pour les usagers comme pour les professionnels. Le mouvement a finalement continué par un piquet de grève, jour et nuit jusqu’au 26 octobre pour empêcher l’arrivée d’intérimaires ou de personnel réquisitionné à la demande du préfet.

Le manque de matériels, la vétusté des locaux, les arrêts maladie non remplacés, la remise en cause des conventions collectives et des jours de congé : ces difficultés quotidiennes faisaient monter la tension depuis deux ans. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Une restriction de l’usage des gants, des serviettes, des blouses.

L’Agence régionale de la santé a dû demander l’évacuation des quarante résidents de Bonneuil, et de la moitié des pensionnaires d’Alfortville. Certains ont été placés dans des hôpitaux du Val-de-Marne et jusque dans l’Aisne. D’autres sont restés dans leur famille. Des salariés d’autres établissements de l’Apajh 94 sont venus soutenir leurs collègues.

Bras de fer

Quatre jours après le début de la grève, Christian Fournier, président de l’APAJH 94, commence à céder sur la fourniture de matériel mais freine encore sur le renfort de personnel. Il déclare dans le quotidien Le Parisien : « Si on dégage ces moyens, on devra prendre sur d’autres postes, comme la rénovation de la MAS de Bonneuil, pourtant nécessaire ».

L’équipe soignante et éducative n’a rien lâché. « Cela n’a pas été simple, il a fallu mobiliser l’ensemble des équipes, puis ne rien lâcher, raconte Minouna Dos Santos, délégué CGT de la MAS de Bonneuil. Nous étions déterminés à tenir le coup pour une grève illimitée. Au bout de six jours, la direction a cédé sur toutes nos revendications, et nous avons pu signer une convention ».

Les salariés ont finalement obtenu la création de trois postes sur chacune des MAS, le réapprovisionnement des stocks de matériel, la rectification du calcul des heures supplémentaires, l’étude sur l’absentéisme avec le CHSCT, la revalorisation des salaires, le paiement des jours de grève. Le service a pu reprendre, au grand soulagement des familles.