ACTU - Hébergement • Diktat du thermomètre.

Chaque jour, 500 enfants restent à la rue à Paris. Samu social, Emmaüs, Armée du Salut et d’autres, alertent une nouvelle fois ce 12 décembre. « Jeunes mères en sortie de maternité qui dorment à la rue ou dans des salles d’attente des hôpitaux, accouchement dans les locaux associatifs, enfant mort-né faute d’hébergement », d’année en année, les associations constatent une dégradation et une augmentation des situations dramatiques à la rue.

Le 29 novembre, l’Etat a annoncé l’ouverture de 6400 places temporaires sur les 14 000 que prévoit le plan hivernal. « Cela veut dire que certains locaux prévus pour l’hébergement et la mise à l’abri des personnes et familles sans domicile fixe sont actuellement disponibles et leur ouverture reportée à la chute des températures », s’emportent les associations qui demandent une mobilisation nationale immédiate de toutes les places disponibles.

A Toulouse, le Groupement pour la défense du travail social (GPS) déplore la mort de trois personnes à la rue au cours du mois de novembre. Les travailleurs sociaux dénoncent la saturation du dispositif d’urgence : en 2018, 95% des appels au 115 ont été rejetés et pourtant il enregistre malgré tout 245 demandes d’hébergement par jour. Sur ces demandes, 44% n’obtiennent pas d’hébergement et 75% des hébergements obtenus sont une place en gymnase. Pour une nuit.

Dans ce contexte, beaucoup renoncent à faire appel au 115. « Nous, travailleurs sociaux et médico-sociaux, dénonçons une politique de l’hébergement déshumanisée, une politique sociale du chiffre et du calcul qui laissent une grande partie de la population sdf sur le carreau », s’insurge le GPS.

Gestion au thermomètre

Jusqu’à quand cette « gestion au thermomètre » va –t-elle se poursuivre ?
Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publiée ce même 12 décembre montre une diminution régulière depuis 2008 du taux d’encadrement des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, d’urgence, d’accueil pour demandeur d’asile, maisons relais, établissements d’accueil mère enfant…

En France, en 2016, 132 200 personnes étaient hébergées dans ces 3000 structures d’accueil. Au total, 140 000 places permanentes. Plus de 30 000 personnes y travaillent, pour les deux-tiers, des femmes. Elles occupent à 49% des fonctions éducatives, pédagogiques ou sociales. Les éducateurs spécialisés sont la fonction la plus représentée, 15% des équivalents temps plein ; ils sont à 87% diplômés d’Etat.

Fin 2016, en moyenne, un établissement comptait cinq personnes en équivalent temps plein. Au global, le taux d’encadrement a diminué de 6 points depuis la fin 2008. Et dégradé d’autant l’accompagnement des personnes vers le logement pérenne.

Le prochain numéro 1264 de Lien Social consacrera son dossier à l’hébergement d’urgence.

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