À Marseille, une maison de répit, alternative aux soins sous contrainte

Marseille poursuit son cheminement vers un traitement humanisé de la folie. Depuis janvier 2017, une expérimentation se déroule dans un immeuble du centre-ville pour inventer une maison de répit. L’idée est de procurer un lieu contenant, rassurant, rassérénant pour éviter l’hospitalisation sous contrainte en cas d’épisode délirant. Actuellement, quand une personne décompense, la réponse consiste le plus souvent à enfermer, soit en hôpital psychiatrique, soit en prison. Cette proposition alternative végète depuis 7 ans, mais elle commence à se concrétiser pour une ouverture officielle en 2018.

Recherche action participative

C’est l’association Just, émanation de Marss (Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire est social), qui porte ce projet. Regroupant médecins, travailleurs sociaux, juristes, chercheurs et usagers de la psychiatrie, son objectif est de développer des expérimentations et actions pour plus de justice sociale. Elle s’est vue confier cet immeuble de quatre étages appartenant aux hôpitaux de Marseille par la Soliha, association œuvrant à l’insertion par le logement. L’espace n’est pas encore opérationnel pour recevoir le public en crise, mais il est devenu un lieu d’effervescence où usagers et professionnels réfléchissent à une modélisation. Reposant sur le bénévolat et l’échange de compétences, cette recherche action participative pour la création d’une alternative à l’hospitalisation a bénéficié d’un financement pour un an.

Dix places pour un million d’euros

Les dix places de répit prévues requièrent un budget d’un million d’euros pour un an, soit le prix de trois lits en hôpital. Les négociations de financement avec l’Agence régionale de santé (ARS) semblent en bonne voie. Pour accompagner 24h/24 les personnes hébergées, l’équipe devrait comprendre huit médiateurs de santé pairs, un psychologue, un assistant de service social, deux infirmiers, un cuisinier. La maison de répit se veut également un espace d’accueil aux projets dédiés à l’émancipation et au bien-être des usagers de la psychiatrie : groupe d’entendeurs de voix, groupe d’entraide mutuelle, accès aux droits des usagers, ateliers artistiques…