N° 1242 | Le 8 janvier 2019 | Critiques de livres (accès libre)

Pour régler nos conflits : la non-violence

MAN-IFMAN


Pour régler nos conflits : la non-violence MAN-IFMAN, éd. Chronique Sociale, 2018, (140 p. – 12 €)

Violence et zénitude

Ce n’est pas en cherchant à éviter les conflits que l’on réussira à apaiser les tensions et à supprimer les violences interpersonnelles, explique ce manuel de non-violence. C’est en repérant les éléments déclencheurs de crise, en désamorçant les spirales mimétiques et en contenant les débordements émotionnels. Car si le conflit n’est ni bon ni mauvais en soi, c’est son traitement qui peut s’avérer destructeur.

En pleine crise, chacun est sûr d’avoir raison et ne voit guère en quoi il a mal agi : rationaliser, se justifier, moraliser, blâmer, accuser, culpabiliser, manipuler, interpréter, mépriser, se moquer, dire à l’autre ce qu’il devrait penser ou faire sont les premiers réflexes. Chacun se retrouve comme victime ou agresseur, envahisseur ou envahi, dominant ou dominé, sauveur ou persécuté, innocent ou coupable. Face aux désaccords à l’origine de tout conflit, la posture spontanée est souvent l’opposition. On peut tout autant se contenter de l’accommodement, en «  faisant avec  » le différend constaté. Mais il y a aussi place pour la coopération, qui cherche à sortir de la confrontation selon une logique de gagnant/gagnant. Cela nécessite une certaine créativité : multiplier les options, renoncer au jugement de valeur, être prêt à effectuer un pas de côté, procéder par tâtonnements, laisser le temps de l’incubation. Et, surtout, prendre l’entière responsabilité de son bout de relation, ce qui laisse la possibilité à l’autre d’en faire autant de son côté. C’est là où l’intervention d’un tiers médiateur est utile pour aider à renouer la communication, en permettant à chaque interlocuteur de se positionner, de formuler sa demande, d’accepter ou refuser celle de l’autre, d’exprimer une contre-proposition avec comme ambition non pas de régler, mais bien de réguler le conflit.

Jacques Trémintin