N° 1229 | Le 15 mai 2018 | Critiques de livres (accès libre)

Une brève histoire de la violence

par Philippe Breton


Une brève histoire de la violence Philippe Breton, éd. JC Béhar, 2015, (117 p. – 14,90 €)

La violence, sous toutes ses formes, a toujours existé dans les sociétés humaines, dès lors qu’ont émergé la sédentarité, la concentration de biens et la pression démographique. Pour autant, elle ne fut quasiment jamais l’expression d’une pulsion sauvage, mais fut la plupart du temps guidée et encadrée par des normes fixant ce qui, dans une communauté donnée et à un moment de son histoire, était légitime de faire ou pas.

Philippe Breton dresse un inventaire des formes essentielles prises par cette violence à travers l’histoire. Les pratiques sacrificielles anthropophagiques, d’abord, qui prendront deux formes : la dévoration du corps de son ennemi pour s’approprier sa force et les rites funéraires. Cette coutume s’estompera au profit de l’esclavagisme, dès lors que les prisonniers seront utilisés comme main d’œuvre servile, plutôt que d’être mis à mort et dévorés. La mise à sac des villages étrangers constituera, pendant des millénaires, un moyen courant de se procurer des ressources, le pillage s’accompagnant de destructions, de tueries et de viols. Le sexe a toujours été l’une des activités humaines pratiquée avec le plus de brutalité. La vengeance restera longtemps légitime, pouvant mener à des homicides réciproques, dans une vendetta sans fin. Quant à la guerre, elle concentre toutes les violences connues, pouvant aller parfois jusqu’au génocide, quand on cherche à éliminer un peuple tout entier.

La modification radicale des sensibilités, la prise de conscience de l’iniquité de la violence, l’humanisation des mœurs et l’émergence des États modernes s’immisçant dans les conflits privés ont largement contribué à réguler une violence dont il est illusoire d’imaginer une disparition complète, mais qui n’a aujourd’hui que bien peu à voir avec celle qui se déployait dans le passé.

Jacques Tréminitin