N° 1227 | Le 17 avril 2018 | Critiques de livres (accès libre)

Enfants de la précarité

Chantal Zarouche Gaudron


Enfants de la précarité Chantal Zarouche Gaudron, éd. érès, 2017, (138 p. -15 €)

Dans notre pays, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Les effets cumulatifs du manque de ressources, de la précarité et de l’exclusion pèsent sur un développement infantile intimement lié à l’espace social et aux contextes culturels et économiques qui l’environnent. La notion de foyer sécurisant et accueillant s’effondre quand règne l’humidité des logements, les moisissures et le froid excessif, conséquences d’un chauffage insuffisant ou défectueux.

L’habitat indigne et la fragilité financière ont des effets délétères sur la santé, quand ils induisent une hygiène défaillante, des troubles de la vision non corrigés, des problèmes bucco-dentaires, des allergies et des atteintes dermatologiques de toute nature non soignés. La pauvreté représente en outre un facteur de risque affectant le fonctionnement apaisé de la famille et les interactions parents/enfants. De telles conditions de vie dégradées ont des effets tant sur le quotient intellectuel et le fonctionnement cognitif de l’enfant que sur ses habiletés sociales, ses compétences verbales ou sa réussite en calcul et en lecture. Les études montrent que ces désavantages sont plus durement ressentis dans la petite enfance que pour les enfants plus âgés. Elles établissent aussi que plus les revenus croissent, plus les résultats scolaires s’améliorent.

Bien sûr, la précarité économique n’est pas l’unique facteur défavorable au développement social de l’enfant. Elle se conjugue avec son propre tempérament et la discorde qui règne ou non entre ses parents. Même si beaucoup d’enfants issus de milieux défavorisés se développent d’une manière harmonieuse, malgré la pauvreté de leur famille, les compensations humaines et financières sont nécessaires pour contrer un déséquilibre provoquant des destins trop souvent prédictifs.

Jacques Trémintin