► FORUM - La protection de l’enfance n’est pas en échec

Le 19 janvier, Zone interdite sur M6 a insisté sur les échecs de l’ASE, présentant ses réussites comme autant d’exceptions. Et si on s’intéressait un peu plus aux enfants qui s’en sortent ?

Les enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) vivent des parcours de rupture, souvent tristes et douloureux. Adultes, certains d’entre eux connaîtront la rue, l’exclusion, des schémas familiaux proches de ce qu’ils ont vécu eux-mêmes. Malmenés par un système, celui de la protection de l’enfance, ces enfants sembleraient être promis à un devenir marqué inévitablement par l’échec. Une forme de fatalisme paraît se dégager de la manière dont les médias nous parlent de ces enfants, des professionnels du secteur, de ce qui s’y fait et s’y vit. Le chiffre et l’affirmation selon lesquels « une personne sur quatre vivant à la rue, sans domicile fixe, a connu les services de l’ASE  » sont régulièrement relayés. On y lit un échec des politiques, des travailleurs sociaux, plus globalement d’une société qui ne parvient pas à enrayer une forme inéluctable de déterminisme social dans la reproduction de la pauvreté et de la souffrance. L’ASE fabriquerait immanquablement des S.D.F.
Je travaille auprès de jeunes qui ont connu un placement à l’ASE, des passages dans des foyers et/ou des familles d’accueil. À leur arrivée dans notre service, ils ont 18 ans depuis quelques semaines ou quelques mois. Durant leur accompagnement d’une à trois années, au titre d’un contrat jeune majeur, nous assistons à cette mutation : hier « enfant » placé à l’ASE, aujourd’hui « jeune adulte » en situation d’autonomie dans un appartement, demain « jeune adulte en société. Dois-je ressentir honte et colère d’appartenir à une corporation qui violente et maltraite ? Honte et colère de travailler dans des établissements qui, loin d’incarner les valeurs humanistes censées guider nos professions, sont accusés d’être responsables de ce désastre généré dans la vie de ces enfants. Honte et colère de côtoyer des institutions et des professionnels qui ne veulent pas voir, ignorent ou négligent ces maltraitances. En réalité, une majorité des enfants placés construisent des parcours positifs. Et le travail des éducateurs les aide à grandir et à se projeter dans l’avenir. (...)

La rubrique complète D’Écho du terrain est à retrouver dans le numéro 1266 de Lien Social.

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