■ ACTU - Violences intrafamiliales • Jeunes homosexuels sous le coup du rejet

Le confinement est particulièrement douloureux pour des jeunes lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queers, intersexes (LGBTQ+) enfermés avec une famille qui les rejette, les insulte ou les jette à la rue.

« J’ai 13 ans et mes parents sont transphobes, ils me traitent tous les jours de "pédé"... Du coup, je reste dans ma chambre toute la journée. Je sors uniquement le soir pour me laver, manger et aller aux toilettes quand ils dorment », témoigne un jeune auprès de l’Association Stop Homophobie. Depuis le début du confinement, les associations LGBT dénoncent l’ampleur des violences intra-familiales subies par les filles et les garçons LGBT+ de moins de vingt-cinq ans. Des constats qu’étaye une enquête réalisée en 2014 par Christelle Hamel, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined) avec le soutien du Défenseur des Droits (1). Elle souligne que le sexisme et les LGBT-phobies, encore très présents dans la société, constituent des facteurs majeurs d’émergence des violences au sein de la famille pouvant aller jusqu’à la mise en danger des jeunes.

Écoute renforcée

« Les jeunes livrent une expérience intime très dure à partager : insultes, brimades, propos violents de la part de leurs parents : ʺ On aurait mieux fait de te cramer à la naissance ʺ ; ʺ Tu vois la porte ? Tu la prends, tu dégages ʺ », s’inquiète Mathilde Vechambre, assistante de service social pour la ligne d’urgence et déléguée adjointe du Maine-et-Loire de la Fondation Le Refuge. Certains partent de chez eux avec juste un sac, quand les parents n’ont pas fait appel aux forces de l’ordre pour les mettre à la porte. « Filles et garçons se retrouvent dehors en état de choc, complètement perdus. Les centres d’hébergement sont saturés, les hôtels et les restaurants fermés. Ils nous appellent après avoir obtenu notre numéro (2) par un passant, la police, une maraude du Samu Social…, poursuit l’assistante de service social. Pour les soutenir, nous avons renforcé nos lignes d’écoute et ouvert un dispositif de mise à l’abri quasi systématique, le plus souvent à l’hôtel.  »
Depuis le début du confinement, la Fondation Le Refuge accompagne deux cent quatre-vingt-quatre jeunes sur le territoire avec l’aide de quatre-vingt-dix bénévoles. Ceux-ci sont en contact quotidien avec un ou plusieurs jeunes, assurent visites et repas. La Fondation a aussi mis en place une cellule de veille interne accessible 24 h / 24 permettant le signalement et le suivi des mesures de confinement et d’isolement des jeunes infectés ou suspectés d’infection, en lien avec les services médicaux. Elle a établi un partenariat national avec l’association l’Autre Cercle pour offrir aux jeunes en difficulté la possibilité de gérer le plus positivement possible cette période d’isolement, en leur permettant de se projeter dans leur projet d’orientation ou dans leur projet professionnel.
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(1) Violences et rapports de genre : contexte et conséquences de violences subies par les femmes et les hommes, disponible en ligne https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/21423/document_travail_2014_212_genre_violence.fr.pdf
(2) La ligne 06 31 59 69 50 fonctionne 24 h / 24 et 7 jours / 7.

À lire sur le site du magazine TÊTU :

« Ils pourraient m’emmener chez un exorciste » : confiné avec ma famille homophobe, le témoignage de Georges, 18 ans, qui a contacté la Fondation Le Refuge.

Jeunes LGBT en situation d’urgence : la lettre des assos à Marlène Schiappa


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LIEN SOCIAL : numéros 1272 - 1271 - 1270 en accès libre