■ ACTU - Pauvreté • Voyants rouges

La crise liée à la pandémie de la Covid-19 pourrait faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires à travers le monde dans l’extrême pauvreté, a alerté le 20 août, le président de la Banque mondiale, David Malpass. Combien en France ? Personne ne le sait mais les associations de lutte contre la pauvreté s’inquiètent. « La crise sanitaire a eu un impact plus fort sur les publics déjà en situation de précarité », affirme Jérôme Voiturier, directeur général de l’Uniopss.

Le Secours catholique voit arriver dans ses permanences de nouvelles personnes : des étudiants qui n’ont pas pu avoir de job d’été, des personnes au RSA qui ont perdu leur petit boulot au noir, des nouveaux chômeurs… des personnes qui basculent de la précarité à la pauvreté.

Explosion des aides alimentaires

Les distributions alimentaires explosent : Les banques alimentaires constatent une augmentation de 20 à 30% des demandes d’aide selon les territoires. Selon l’ancienne secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Santé et des Solidarités, Christelle Dubos, 8 millions de personnes pourraient se tourner vers l’aide alimentaire en 2020 contre 5,5 millions avant le confinement. En avril, le gouvernement avait débloqué une enveloppe de 55 millions d’euros pour soutenir ces réseaux d’aide alimentaire. Le Secours catholique assure ce mois d’août avoir déjà distribué 5 millions de ces chèques service pendant le confinement.

Quelle lutte contre la pauvreté ?

Sa président, Véronique Fayet craint « une rentrée difficile », au micro de France Inter le 23 août, et appelle à une revalorisation des minimas sociaux. Ces inquiétudes sont-elles entendues par le gouvernement ? « Il y a eu des aides ponctuelles pendant le confinement, mais cela ne répond qu’en petite partie aux besoins », avance Jérôme Voiturier qui s’inquiète de l’invisibilité de la lutte contre la pauvreté dans l’actuel gouvernement. L’absence de nomination au cœur de l’été d’un secrétaire d’Etat en charge du plan pauvreté parmi les onze secrétaires nommés apparaît comme un « mauvais signal », avance Florent Gueguen directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité.

Revenu universel en berne

Le plan pauvreté semble « au point mort », pas de calendrier sur le déploiement de cette stratégie, les derniers travaux sur la construction du revenu universel d’activité (RUA) datent du début de l’année… « J’ai le sentiment que le projet de RUA tel qu’il était imaginé en septembre 2018 a été plus ou moins enterré », ajoute-t-il. Or, la paupérisation grandissante des plus précaires exigerait, selon lui, une réponse plus massive que des primes sectorielles qui sont « des fusils à un coup ». Comme le Secours catholique, la FAS et d’autres associations appellent à une revalorisation des minimas sociaux et l’ouverture du RSA au moins de 25 ans.