■ ACTU - Pauvreté des jeunes • le gouvernement au rattrapage

Après plusieurs couacs, le 18 octobre, le Premier ministre a annoncé que 400 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans, bénéficiaires de l’APL et étudiants boursiers toucheront une prime de 150 euros comme les adultes en situation de précarité.

Le 18 octobre, le Premier ministre a finalement annoncé que 400 000 jeunes bénéficiaires de l’APL et étudiants boursiers toucheront une prime exceptionnelle de 150 euros d’ici la fin de l’année. ©Armelle Razongles Habitat Jeunes Espérance

On a failli s’y perdre. Le 14 octobre, Emmanuel Macron annonce la mise en place, durant la période du couvre-feu, d’une aide exceptionnelle de 150 euros (plus 100 euros par enfant) aux bénéficiaires du RSA et de l’APL, ce « qui touche très largement tous les 18 – 25 ans », précise-t-il.

Dès le lendemain, son Premier Ministre, explique que l’aide ne concernera que les bénéficiaires de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS), de la Prime forfaitaire pour reprise d’activité, de l’Allocation équivalent retraite (AER), du Revenu de solidarité active (RSA), du Revenu de solidarité (RSO) et les bénéficiaires de l’Aide personnalisée au logement (APL) avec au moins un enfant à charge. Bref, que seuls les 18 – 25 ans qui perçoivent l’APL et qui sont parents – sûrement pas les plus nombreux - toucheront la prime de 100 euros. Comme les moins de 25 ans ne sont pas éligibles au RSA, l’aide de 150 euros ne les concerne pas.

Le 16 octobre, Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, indique alors que si, si, le gouvernement continuera à aider les jeunes notamment ceux les plus en difficultés, comme il l’a déjà fait avec la prime de 4 000 euros à l’embauche, de 8 000 euros pour un contrat d’apprentissage d’un jeune majeur et de 5 000 euros pour celui d’un mineur. Il précise que Jean Castex annoncera de nouvelles mesures le lendemain à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Annonces finalement reportées suite à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine.

Une aide de 150 euros

Face à la colère des associations de solidarité et de lutte contre l’exclusion, le 18 octobre, Jean Castex met fin à ces cafouillages et annonce que les jeunes bénéficiaires de l’APL et les étudiants boursiers recevront bien une aide de 150 euros.

S’il est « soulagé que le gouvernement ait rectifié le tir » et considère cette aide comme « bienvenue », Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fas) regrette que les jeunes les plus fragiles, les plus vulnérables, sans ressources, hébergés en centre d’hébergement d’urgence (CHU), en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), vivant à la rue ou en squat, soient exclus de cette prime.

Donner aux jeunes les moyens de leur émancipation : une nécessité pour l’Union nationale pour l’habitat des jeunes.
©Guillaume Madec Techno Ouest Logement Jeunes

« Le recours à l’aide alimentaire constituerait-il la seule solution proposée par le gouvernement à leur détresse ?, interroge pour sa part, l’Union nationale pour l’habitat des Jeunes (UNHAJ). Alors que leur accès à l’emploi, aux stages et à l’apprentissage est rendu encore plus difficile par cette crise qui n’en finit pas et qu’il est insupportable de voir une génération sombrer dans la précarité. »

Pour Florent Guéguen « il ne s’agit pas forcément d’une mauvaise volonté de la part de l’État, cette population, inconnue des institutions sociales et de la statistique publique, reste difficile à cibler ». Face à cette réalité, l’ouverture du RSA à tous les jeunes entre 18 et 25 ans, constituait la meilleure des réponses, mais le Président de la République l’a rejetée. « Cette crise sanitaire et sociale durera au moins jusqu’à l’été 2021. Nous demandons alors que cette aide, pour l’instant ponctuelle, soit versée mensuellement aux 18 à 25 ans pendant toute la durée de la crise », revendique le directeur de la FAS.

En attendant, les différents couacs liés à ces annonces successives interrogent les associations de solidarité et de lutte contre l’exclusion. « Nous nous posons des questions sur la gestion par l’exécutif des annonces et des priorités qu’il accorde à ces aides, illustre Florent Guéguen. La jeunesse ne semble pas en constituer une. »