■ ACTU - Handicap - Violences décuplées

Les personnes handicapées réclament que le calcul de l'AAH soit déconnecté des revenus du couple (ici lors d'une manifestation sur leurs droits au printemps à Paris). ©Marianne Langlet

« Dénoncer et agir ». Le Senat vient d’adopter, ce 8 janvier, une résolution pour lutter contre les violences faites aux femmes handicapées. Elles seraient quatre fois plus exposées au risque de violences sexuelles que les femmes dites valides et à 80% victimes de violences selon un rapport de la commission des droits de la femme au Parlement européen paru… en 2007.

Invisibles

« L’absence de statistiques solides fait obstacle à la mise en œuvre de politiques publiques complètes », souligne le rapport d’information du Senat « dénoncer l’invisible et agir », publié en octobre dernier. La résolution s’inscrit dans la continuité de ce rapport et demande l’établissement de statistiques précises. Ces femmes restent « invisibles et inaudibles », note le rapport. Particulièrement en France où il n’existe aucune étude précise sur ces violences spécifiques.

Autonomie

« Les violences menaçant les femmes en situation de handicap sont généralement commises par l’entourage familial ou institutionnel », soulignent les rapporteurs. Les appels reçus par la permanence d’accueil et d’accompagnement dédiée à ces violences confirment que 35% des violences signalées sont faites par le conjoint. La résolution du Sénat soutient que l’une des conditions de protection de ces femmes « réside dans le renforcement de leur autonomie ». Or, elles sont bien plus touchées par le chômage que la population générale et accèdent bien moins souvent que les hommes handicapés à des postes à responsabilité : 1% des femmes en emploi sont cadres contre 10% pour les hommes.

Indépendance

Le Senat « appelle à une réflexion sur l’allocation adultes handicapés (AAH) qui prenne en compte l’importance de celle-ci, dans le contexte de violences au sein du couple, pour l’autonomie par rapport au conjoint violent ». Alors, que la récente réforme du calcul de l’AAH, qui prend désormais en compte les revenus du couple, prive les personnes handicapées vivant en couple de la revalorisation à 900 euros par mois de l’AAH, cet appel résonne particulièrement. Sera-t-il entendu ?

Pour aller plus loin :
Le rapport Violences, femmes et handicap : dénoncer l’invisible et agir

La résolution du Sénat